Saint-Denis, cimetière des Rois
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 La petite caisse aux ossements (caveau central ; sous la crypte)

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AuteurMessage
Alexandre Lenoir

Alexandre Lenoir


Messages : 187
Date d'inscription : 25/03/2011
Age : 57
Localisation : Musée des Monuments français ... à Paris

La petite caisse aux ossements (caveau central ; sous la crypte) Empty
MessageSujet: La petite caisse aux ossements (caveau central ; sous la crypte)   La petite caisse aux ossements (caveau central ; sous la crypte) Icon_minitimeSam 30 Avr - 20:18

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La caisse aux ossements (caveau central ; sous la crypte)
[ Attention ! A ne pas confondre avec le grand ossuaire ! ]

Sous la crypte, dans le caveau central, se trouve une caisse à côté des cercueils de Louis XVI.
C’est une boîte en chêne contenant des ossements royaux.
Quelle est son histoire ? Quelle est le degré de traçabilité de ces restes royaux ?

La petite caisse aux ossements (caveau central ; sous la crypte) 2ilgakp
Intérieur de la crypte des Bourbons - état fin XIX° s.
Les travaux de Formigé les ont repoussés un niveau en dessous, dans le caveau sous la crypte.
Des dalles de marbre noir ont pris leur place.
La caisse aux ossements, que l'on voit au premier plan, entourée par le cercle noir, les a suivis.
© BNF

En 1898 , un employé du Musée du Louvre découvrait dans un carton poudreux toute une collection d'ossements. Ils étaient munis d'une étiquette; la stupéfaction fut grande quand on lut successivement sur une étiquette :

- Omoplate de Hugues Capet,
- fémur de Charles V
- tibia de Charles VI
- vertèbre de Charles VII
- vertèbre de Charles IX
- côte de Philippe le Bel
- Côte de Louis XII
- Mâchoire inférieure de Catherine de Médicis
- Tibia du cardinal de Retz

D'où venait cet ossuaire, ou plutôt ce squelette démonté, dont chaque roi avait fourni son échantillon?

Le 3o mars 1893, le Figaro reproduisait une lettre adressée à M. de Nieuwerkerke, alors organisateur, au Louvre, du Musée des Souverains, datée de 1864, et contenant l'histoire de « ce squelette de la monarchie française » :

« Monsieur le Surintendant,

« Lorsque j'ai eu l'honneur de vous voir, il y a quinze jours, vous m'avez invité à vous faire une notice historique au sujet des ossements royaux qui se trouvent en ma possession ; je vais être obligé d'entrer dans quelques détails, mais je tâcherai d'être aussi bref que possible. Vous m'avez dit que les ossements ne vous étaient pas inconnus et que vous aviez déjà été informé de leur existence, Je n'entreprendrai pas dès lors d'expliquer comment M. Ledru, ancien mairede Fontenay-aux-Roses se les était pro- curés. Il me suffira de vous faire connaître que M. Ledru avait été l'ami intime du chevalier Lenoir, le fondateur du Musée des curiosités, dit des Petits-Augustins, lequel, créé en 1793, fut formé sous la Restauration ; et que le chevalier Lenoir avait assisté, comme inspecteur, à l'exhumation des cadavres, lors de la profanation des tombes royales de Saint-Denis qui eut lieu au mois d'octobre 1793. Ce que je dois surtout vous expliquer, c'est comment les objets ont quitté le cabinet de curiosité du maire de Fontenay pour devenir ma propriété. M. Ledru est mort vers 1834 ou 1835; c'est sa veuve. Madame Ledru, née Lemaire, ma tante, qui me les a donnés en 1842 ou 1843. J'avais quinze ou seize ans, j'apprenais le dessin..., et Mme Ledru me remit les ossements en me disant qu'ils pourraient m’être utiles pour l'étude de l'Académie. Elle ne me parla aucunement de leur origine, mais elle me recommanda de les conserver soigneusement, de ne pas les donner et de les ensevelir s'ils n'étaient pas utiles.
Ce n'est que lorsque ma tante mourut, au mois d'octobre 1848, que j'appris l'importance du cadeau qu'elle m'avait fait. Comme j'assistais, quelques jours après, au dépouillement de ses nombreux papiers, j'entendis un homme d'affaires lire à haute voix une liste d'ossements dont la réunion paraissait assez étrange.
Je fus frappé du rapport qui existait entre cette liste et les objets dont j'étais possesseur. Je réclamai le papier, et aussitôt que je fus rentré chez moi, je fis une comparaison à la suite de laquelle je fus convaincu que j'avais entre mes mains une omoplate de Hugues Capet, un fémur de Charles V, un tibia de Charles VI, une vertèbre de Charles VII, une côte de Philippe le Bel, une côte de Louis XII, etc.,

« Quelques mois plus tard, je lisais dans un roman intitulé : Les mille et un fantômes, chapitre IV, un passage où l'illustre conteur parle de ces ossements qu'il avait eu l'occasion de voir, en 1831, chez M. Ledru lui-même...
Ce n'est pas sans effort, je vous en fais l'aveu, que je m'en sépare... »

Lemaire
Avenue de Neuilly , 165.


Le même M. Lemaire, qui avait écrit cette lettre à M. de Nieuverkerke et qui vivait encore, adressait la lettre suivante au Directeur de l'Intermédiaire des chercheurs et curieux :

« Neuilly, 3 juillet 1893.
« Monsieur le Directeur.

« Dans le numéro du 20 octobre 1892, de l'Intermédiaire, M. Edouard Montagne demandait, ce qu'étaient devenus les ossements royaux qui avaient appartenu à M. Ledru, oncle de M. Ledru-Rollin. Je ne répondis rien, parce que je me demandais, moi-même, alors, ce qu'ils étaient devenus. Le 3o mai dernier, j'apprenais encore par les Nouvelles de l'Intermédiaire qu'on les avait trouvés dans les greniers du musée du Louvre, et, le même jour, le Figaro reproduisait une lettre de moi à M. de Nieuwerkerke, datée de 18G4, et contenant l'histoire de ces ossements.
Tout le monde connaissant maintenant cette lettre et cette histoire dont tous les journaux ont parlé, je crois inutile de donner de nouvelles explications. Cette lettre de 1864 avait, d'ailleurs été déjà reproduite en 1883 dans L’Artiste par M. de Chennevières, dans un article intitulé : Souvenir d'un ancien Directeur des Beaux-arts.

« Aujourd'hui, on paraît généralement convaincu de leur authencité. Dans les lignes qu'il ajoutait à ma lettre dans l'Artiste, M. de Chennevières disait que la liste qui les accompagne, sur papier à entête de la neuvième mairie de Paris, lui semblait indubitablement de l’écriture bien connue d’Alexandre Lenoir, et il ajoutait cette réflexion : Quels applaudissements de la conscience publique n'accueilleraient pas, aujourd'hui, le ministre qui rendrait à l'abbaye de Saint-Denis les ossements de nos rois.
Quelques journaux ont cependant émis des doutes et ont demandé qu'ils fussent simplement rendus à la terre à laquelle ils appartiennent.
« Pour moi, ma conviction n'a pas changé sur l'origine de cette collection, qui était connue de M. Dulort, comme l'a dit Fournier, d'Alexandre Dumas père (Les Mille et un fantômes, tome I"), de Ledru-Rollin et de M. de Nieuwerkerke lui-même, et c'est avec le plus grand étonnement que j'ai appris qu'elle n'avait pas été restituée à la Basilique de Saint-Denis, comme M. le Surintendant des beaux-arts, sous le second Empire, me l'avait promis en dernier lieu.
En résumé, si, comme le Temps vient de l'annoncer tout récemment, en donnant mon nom et mon ancienne qualité au ministère de l'intérieur, le chapitre de Saint-Denis est invité à reprendre ces ossements et qu'il y consente, c'est bien, l'affaire est terminée.

« Mais si cette restitution présente des difficultés, il restera encore la question de savoir dans quelle terre, dans quel cimetière on mettrait ces débris humains.
Dans ce cas, comme j'ai eu l'honneur de le dire, le 26 mai dernier, à M. le Directeur des musées nationaux, je croirais lui rendre service en exprimant le désir qu'on me les rendît.
Je solliciterais de M. le Préfet de la Seine l'autorisation de les déposer dans mon caveau de famille, où j'irais les rejoindre tôt ou tard.
Après avoir eu ces ossements comme modèles pour mes premières études de la charpente humaine, quand j'avais quinze ans; après les avoir conservés vingt ans comme un pieux souvenir de famille, je me sentirais encore honoré de les avoir auprès de moi dans ma dernière demeure.
« Agréez, etc.

Léon Lemaire,
Ancien Commissaire Inspecteur de l'Imprimerie et de la Librairie.


Un an après, satisfaction était enfin donnée à M. Lemaire qui pouvait lire le 10 juillet 1894, dans l'Intermédiaire des
chercheurs :
« La direction des musées nationaux, déférant au vœu exprimé par M. Lemaire, dans l'Intermédiaire, décida, au mois d'août 1893, que ces ossements seraient déposés dans la Basilique de Saint-Denis. Mais le transfert définitif ne put s’effectuer, par suite de formalités administratives, que le 12 mai dernier, où M. Trawinski, secrétaire des musées nationaux, remit à M. Darcy, architecte de la Basilique, les ossements royaux provenant d Albert Lenoir et donnés par M. Lemaire. »



La boîte en chêne, longue de 60 centimètres sur 40 de large, placée à côté du cercueil de Louis XVI, porte l'inscrip-
tion suivante gravée sur une plaque de cuivre :

Ossements déposés dans la Basilique de Saint-Denis, aux termes d'une décision de M. le Ministre de l instruction pu- blique, des beaux-arts et des cultes, en date du 1 août 1898.

Lorsque l’architecte Formigé fit descendre la caisse et tous les cercueils dans le caveau sous la crypte,la caisse y fut également descendue.
Elle s’y trouve toujours.

Mais cette histoire appelle quelques remarques :
1°) On ne comprend pas bien, dans le récit de Lemaire et l’article de l’Intermédiaire, qui a remis quoi à qui. Est-ce Alexandre Lenoir ou son fils Albert ? En effet, les deux personnes sont cotées !
On a même une troisième version rapportée par G. Lenôtre à la même époque. Ledru, fils d’un prestidigitateur de l’ancien régime, Comus, aurait bien participé lui-même au vol des reliques en 1793. Il se serait donc dédouané en parlant de Lenoir. Pourtant, la liste semble bien être de la main de Lenoir.

2°) Mais là surgit une grosse difficulté. Les attributions de la liste ne semblent pas fiables. Alexandre (ou Albert ?) Lenoir savait-il ce qu’il écrivait ?
En effet, le dernier om de la liste est celui du cardinal de Retz. Or, le corps du cardinal n’a pas été retrouvé en 1793 ! Et ce n’était pas faute d’avoir cherché, nous raconte Dom Poirier.
En fait, le cercueil ne sera découvert que vers 1850 lors de travaux effectués par Violet-le-Duc à proximité du tombeau de François I°.
Il est donc totalement impossible qu’Alexandre Lenoir ait possédé à partir des profanations de 1793 un morceau du corps en question.
De plus, la « mâchoire » de Catherine de Médicis présente ainsi un état qui ne cadre pas avec une relique à la traçabilité beaucoup plus assurée : la jambe de la reine, momifiée, qui se trouve au musée Tavet-Delacour de Pontoise.

Autant dire que ce document est approximatif.

On retiendra que ces ossements proviennent vraisemblablement des profanations de 1793, qu’ils s’inscrivent dans un petit trafic de reliques fait par Lenoir, mais que l’attribution individuelle de ces restes demeure douteuse.

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