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Le cercueil intact de la reine Louise de Lorraine, épouse du roi Henri IIIParis BNF De tous les rois, reines et princes du Sang morts dans les siècles ayant précédés la Révolution française, seul le corps de la reine Louise, veuve d'Henri III, est, avec celui de Louis VII, aujourd'hui intact, sorti indemne des profanations révolutionnaires.
Il repose depuis 1816 dans la basilique de Saint-Denis.
Mais avant de voir l'odyssée de son cercueil, voici un petit rappel sur la figure attachante de cette reine au destin tragique. D'aucuns l'ont parfois considérée comme une sainte.
Les jeunes années d'une reineLouise de Lorraine-Vaudémont (née le 30 avril 1553 au château de Nomeny en Lorraine - morte dans l'ancien palais ducal de Moulins - duché de Bourbon - le 29 janvier 1601), est issue de la branche de Vaudémont, branche cadette de la maison de Lorraine et est cousine des Guise et du duc Charles III de Lorraine. Elle fut reine de France de 1575 à 1589, à la suite de son mariage avec Henri III de France.
Cousine germaine du duc Charles III de Lorraine, Louise est le premier enfant de Nicolas de Lorraine, comte de Vaudémont et duc de Mercoeur, ancien régent des duchés et de Marguerite d'Egmont, issue d'une grande famille des Pays-Bas. Elle est l'aînée des quatorze enfants que son père eut de trois lits successifs.
Elle n'avait qu'un an lorsque mourut sa mère, Marguerite d'Egmont. La seconde épouse de son père, Jeanne de Savoie-Nemours, fut pour elle une belle-mère pleine d'attention, qui lui fit donner une solide instruction classique et l'introduisit à la cour de Nancy à l'âge de dix ans.
La troisième épouse de son père, Catherine de Lorraine-Aumale, de seulement trois ans plus âgée qu'elle, fut, en revanche, d'une méchanceté avérée envers elle et ses demis frères et sœurs issus du second lit de son père. Elle ne cessa de montrer son mépris et sa hargne envers la jeune fille, sans doute parce qu'elle était jalouse de la beauté de Louise.
À vingt ans, grande, blonde au teint blanc, aux yeux brun clair très doux, voilés par une légère myopie, la silhouette fine et racée, Louise de Lorraine-Vaudémont était belle, d'une beauté délicate et émouvante.
Portrait de la reine Louise par Jean Rabel. C'est le premier portrait de la reine Louise. Il a été réalisé à l'occasion de son avènement. La reine a 22 ans. Ses noces ont eu lieu le 15 février 1575. Deux jours plus tôt, le roi Henri III avait été sacré à Reims. La richesse du costume est la marque d'une cour où le luxe s'affiche de manière ostentatoire. C'est l'époque du retour du décolleté et de l'épanouissement des collerettes godronnées. La reine porte la coiffure en raquette selon le goût des années 1570. C'est assurément le dessin le plus précis et le plusbeau que nous ayons d'elle.
Paris, BNF Brimée et persécutée par sa terrible belle-mère, Louise eut pourtant le destin de Cendrillon.
À l'automne 1573, elle fut remarquée à la cour de Charles III de Lorraine et de son épouse Claude de France par le frère de cette dernière, le nouveau roi de Pologne Henri de Valois (frère de Charles IX, il est le futur roi de France Henri III) de passage à Nancy, en route pour Cracovie, la capitale de son nouveau royaume.
Henri III, roi de France
Portrait équestre d'avènement (1574)
Le roi apparaît sur un fond de ruines comme l'élu qui restaurera la France
Il était alors tout à sa passion pour Marie de Clèves, épouse d'Henri de Bourbon prince de Condé. Mais, après la mort de la princesse de Condé, peu de temps après son retour de Pologne, devant se marier pour assurer sa descendance et voulant couper court aux entreprises matrimoniales de sa mère Catherine de Médicis, qui souhaitait le marier à une princesse étrangère, Henri se souvint de la douce et modeste jeune fille rencontrée « en passant par la Lorraine » et qui ressemblait physiquement à la chère disparue.
En janvier 1575, il envoya en Lorraine deux hommes de confiance, Philippe Hurault de Cheverny, son futur chancelier et Michel Du Guast, marquis de Montgauger, porter sa demande en mariage. Louise, qui s'était rendue à un pèlerinage à Saint-Nicolas-de-Port, était absente lorsque les émissaires du roi se présentèrent devant son père.
Mais celui-ci n'attendit pas de l'avoir consultée pour donner son consentement à une offre aussi incroyable : sa fille allait devenir l'épouse du Très Chrétien !!!
Lorsqu'à son retour, on fit part à Louise de la volonté du roi de l'épouser, elle crut d'abord que l'on se moquait d'elle. Ce mariage surprit également l'entourage du roi, étonna la cour et le pays tout entier car le parti était modeste pour un roi de France. Henri III, hésitant à l'idée d'aliéner sa liberté, redoutait une femme dominatrice. Il choisit donc Louise, dont il était sûr qu'elle serait une épouse tendre et réservée.
Il est vrai que l’annonce s’était faite brutalement. La jeune fille vit un beau matin son épouvantable belle-mère entrer dans sa chambre et lui faire, comme si elle était déjà reine, les trois révérences d’usage ; Louise crut à un geste de dérision de la part d’une marâtre qui l’avait jusqu’ici si maltraitée. La malheureuse s’excusa même d’être restée si tard au lit et de ne pas avoir été à temps pour le lever de sa belle-mère. On la détrompa : elle dut se rendre à la réalité, elle était bien reine de France ! Ce fut pour elle une inconcevable féérie : dès cette heure, elle ne cessa de célébrer en l’honneur d’Henri III un culte d’adoration qui ne cessa qu’avec sa vie.
Ce choix du roi déçut Catherine de Médicis et l'inquiéta. La reine redoutait qu'une princesse lorraine n'appuyât ouvertement le parti lorrain de ses cousins Guise et leurs relations furent difficiles au début. Mais la reine-mère finit par apprécier la douceur et l'humilité de sa belle-fille.
Le mariage et le sacreHenri III rencontra son épouse à Reims le vendredi 11 février 1575 au matin. Le Roi se recueillit en grand cortège devant le maître-autel de la cathédrale puis s’empressa d’aller retrouver Louise. En revoyant celle à qui il allait unir son destin si pleine d’admiration et d’adoration pour lui, Henri fut terriblement ému. Le pur visage rayonnant de bonheur de son épouse, la gratitude débordante que tout en elle exprimait, prouvèrent à Henri III qu’il avait fait le bon choix.
Le rêve se prolongea durant les lourdes cérémonies qui suivirent. Le roi tenait pour donner plus de solennité à son mariage à le jumeler avec son sacre prévu pour le 13 février. Il décida que les noces auraient lieu deux jours plus tard. Ainsi, le 15 février 1575, le mariage de Louise de Lorraine-Vaudémont avec le roi de France Henri III fut célébré dans la cathédrale de Reims. Détail touchant : avant le mariage, le roi, tel Pygmalion, avait surveillé et dirigé lui-même l’habillement somptueux de sa fiancée ; jamais satisfait de ce que les tailleurs et joailliers avaient prévu et préparé pour elle, il alla jusqu’à la coiffer lui-même ! Elle se plia à toutes les volontés de cet époux épris de perfection pour elle. De fait, elle fut une resplendissante épousée et sa beauté fit l’admiration de tous les spectateurs. À la fin du mois, ils entrèrent ensemble dans la capitale qu'Henri avait quitté un an et demi plus tôt pour s'en aller occuper le trône de Pologne. Louise était désormais reine de France.
Portrait de Louise en costume de cour.
La reine porte un costume qui marque le point de départ de la mode de la cour d'Henri III :
coiffure en raquette, forme arrondie des godrons, épaulettes massives garnies de noeuds de papillon, forme volumineuse des manches et de la robe (mais dans une proportion encore mesurée à l'égard de la mode les années suivantes).
Topofart (Houston, museum of Fine Arts)
La reine de FranceLouise, jeune femme douce et vertueuse, voua d'emblée à son mari un profond amour qui ne se démentirait jamais, malgré les difficultés, les épreuves, les infidélités et la mort. Louise de Lorraine fut une personne pieuse et très simple. Elle souffrit terriblement des conflits qui opposèrent sa famille - la maison de Guise, la maison de Lorraine et en particulier son frère Philippe-Emmanuel de Lorraine, duc de Mercœur - à son mari durant les guerres de religion.
Henri III, roi de France (1575-1589) Son amour pour son mari résista aux rumeurs de dissolution du mariage, comme en mai 1584. Henri lui aussi fut très attaché et ne négligea jamais sa femme, quoiqu'il fût souvent infidèle, ce dont la reine souffrit. Le roi aimait les femmes depuis sa jeunesse, mais il n'eut jamais de maîtresse en titre et s'efforça de cacher à sa femme ses écarts. Dans les épreuves de la fin du règne, les époux se rapprochèrent. La véritable souffrance de la reine lui venait de sa stérilité.
Elle fit de nombreuses fausses couches - il semble que Louise de Lorraine ait été enceinte au début de son mariage, mais la fausse couche qu'elle fit en mai 1575 fut lourde de conséquence - et malgré de nombreux pèlerinages, n'eut jamais d'enfants. Elle n'eut plus, par la suite, que de faux espoirs. Pourtant, le couple royal ne renonça que très tardivement à l'idée d'avoir des enfants. De 1579 à 1586, ils multiplièrent les pèlerinages, en particulier à Chartres, et les cures thermales dans l'espoir d'avoir un héritier.
Bien que l'on pût lui reprocher son infidélité, son mari aima son épouse sincèrement, ce qui fut réciproque. Louise était toujours auprès du roi. Elle fut plus étroitement associée à la vie de son époux qu'aucune autre reine. Elle paraissait à ses côtés dans nombre de cérémonies, fêtes et festins officiels. Sans se mêler directement de politique, elle participa parfois au Conseil du roi, comme ce fut le cas le 2 décembre 1576. Elle était présente dans sa chambre lorsqu'il recevait des ambassadeurs, elle figura en bonne place à la séance d'ouverture des États généraux et participa avec lui le 31 mai 1578 à la pose de la première pierre du futur Pont Neuf.
Dans le Bal de noces du duc de Joyeuse, Louise est assise sur la gauche de la reine-mère (pour nous : à droite de Catherine de Médicis). Elle tient un éventail dans sa main gauche. La scène eut lieu au palais du Louvre, en la Grand Salle qui était juste au dessus de l'actuelle salle des Cariatides (actuelle salle de l'argenterie romaine, mais qui a perdu son décor d'origine)
Sa soeur Marguerite de Lorraine-Vaudémont est la mariée et est représentée au centre du tableau avec son époux, dansant.
De gauche à droite : Henri III, la reine-mère Catherine de Médicis, la jeune reine Louise de Lorraine
Paris, Musée du LouvreAutre extrait d'un tableau : Bal à la cour des Valois. Louise serait représentée en train de danser une ronde avec des membres de la cour. Elle se tient face au spectateur, le visage tourné vers lui. Comme le veut la mode dans les années 1580, elle porte une robe rouge à vertugadin (c'est-à-dire une robe qui est artificiellement arrondie en volume) et à corps piqué (qui lui donne une taille de guêpe). La collerette est largement ouverte sur la poitrine et les manches sont à crevés et ballonnées.
Le personnage qu'elle tient par la main droite serait le duc de Joyeuse.
Paris, Musée du Louvre En 1588, lors des émeutes et de la journée des barricades, elle se tenait dans la chambre de la reine, au premier étage de l'aile Sud du Louvre, aux côtés de son mari qui y venait souvent pour s'entretenir avec elle. Tous deux y reçurent le duc de Guise qui venait présenter les exigences de la populace. Henri III demeura le visage fermé et le regard hostile envers le duc, chef de la Ligue. Catherine de Médicis, présente à l'entretien, ne put dérider son fils. Louise intervint alors en liant conversation avec son cousin Guise pour détendre l'atmosphère. Mais elle comprenait la colère de son mari contre ce sujet qui, malgré ses révérences, s'était comporté comme un rebelle.
Louise, peu avant l'assassinat d'Henri III. Les belles années sont passées. La Ligue sème la Guerre civile dans le royaume.
Henri III et Louise ont dû fuir Paris et se sont réfugiés à Blois.
La reine est habillée selon la mode des années 1580.
Elle porte sous sa robe un vertugadin et ses manches ont triplé de volume.
Vienne, Kunsthistorisches Museum La dignité d’une veuveAprès l'assassinat de son époux par le moine Jacques Clément, le 1er août 1589, Louise était désespérée et prit un deuil qu'elle ne quitterait pas, le deuil en blanc des reines - elle se voile de blanc - d'où son surnom de « Reine Blanche ». Dès 1589, elle est titrée duchesse de Berry. Elle s'employa dès lors à réhabiliter la mémoire de son mari, excommunié par le pape après l'assassinat du cardinal de Guise. Dès le 6 septembre 1589, un mois à peine après la mort du roi, elle demanda justice à Henri IV. Le 1er octobre 1589, elle entreprit des démarches à Rome afin de réhabiliter Henri III. Le 20 janvier 1594, au cours d'une cérémonie à Mantes, la reine douairière vint solennellement demander justice au roi Henri IV. Mais celui-ci, trop occupé à réconcilier les Français après des décennies de guerres civiles, préféra ne pas remuer le feu qui couvait encore sous les cendres. Quant au pape, il refusa de désavouer les religieux qui avaient appelé au meurtre d'Henri III [ les papes étaient encore très compromis avec le souvenir de la Ligue ].
Elle habita pendant 11 ans le château de Chenonceau, qu'elle avait reçu en héritage de sa belle-mère Catherine de Médicis. Elle installa sa chambre au deuxième étage, dont elle fit peindre les murs de noir. Le décor était plutôt funèbre avec les attributs ordinairement réservés au deuil : croix, pelles et pioches de l'inhumation, cornes d'abondance déversant des larmes. Ce décor noir et argent était reproduit sur les tentures du lit et des fenêtres. On peut encore le voir, en partie restitué. Mais ce château étant couvert de créances et n'ayant pas elle-même une énorme pension, elle le légua à sa nièce, la fille unique de son frère, la duchesse de Vendôme (femme de César de Vendôme, fils illégitime d'Henri IV et de Gabrielle d'Estrée).
Louise mourut dans une relative pauvreté, oubliée de tous, au palais ducal de Moulins, le 29 janvier 1601. Tous ses biens furent distribués ou servirent à payer ses dettes.
La destinée du corps de la reine Louise
Le corps de Louise de Lorraine fut sans doute inhumé provisoirement à Moulins, mais on ne sait où (dans la crypte de la collégiale, aujourd’hui cathédrale ?), faute de documents. La reine Louise avait conçu de son vivant le dessein de fonder un couvent de Capucines dans la ville de Bourges ; elle n’avait pu l’exécuter mais à sa mort elle laissa pour cette fondation une somme de 600 000 livres. En 1605, Mme de Luxembourg, duchesse de Mercoeur, sa belle-sœur, exécutait en partie la volonté de la défunte reine et, au lieu de fonder un couvent à Bourges, le fondait à Paris. Mais dès septembre 1603, une bulle pontificale ordonne la construction du couvent de Capucines à Paris afin d'y inhumer Louise de Lorraine, ce qui fut fait le 20 mars 1608.
En 1683, Louvois eut l’idée de la création d’une place grandiose à la gloire de Louis XIV. Elle fut construite à l’emplacement de l’hôtel de Vendôme. Mais le couvent des Capucines fut lui aussi racheté et les capucines partirent rue Neuve des Petits Champs en attendant que le couvent soit reconstruit au débouché de la place pour lui servir de décoration et de perspective. La magnifique église contiendra de somptueux tombeaux, dont ceux de Louvois, celui du duc de Créquy, ainsi que celui de la marquise de Pompadour.
La partie Nord de la place Louis le Grand, actuelle place Vendôme.
On aperçoit au second plan le couvent des Capucines ; il fut détruit au moment du percement de la rue de la Paix.
Il n'en reste le souvenir que grâce à la dénomination de l'actuel boulevard des Capucines.
Sous les trottoirs de la rue de la Paix dormiraient encore les restes de Louvois et de la marquise de Pompadour, dans leurs caveaux. Le cercueil de la reine Louise, lui, a eu plus de chance et a été retrouvé. La Révolution chassa les Capucines. On établit dans l’église l’hôtel des Monnaies et l’imprimerie pour les assignats.
Puis elle fut mise en vente sous l’empire. Son propriétaire la transforma en immeuble et la fit compartimenter par des poses de piliers et de cloisons. Mais en 1806 , on détruisit l’église pour le percement de la rue de la Paix. Or, au cours de ces travaux, les ouvriers mirent au jour un caveau abandonné au fond d’une chapelle.
Détail scabreux, ce caveau avait été transformé en fosse d’aisance par le dernier propriétaire ! Mais quand les ouvriers vidèrent la fosse d’aisance, ils furent surpris, en barbotant dans cette vase immonde, de découvrir une grande caisse rectangulaire à son métallique.
Redécouverte du cercueil de la reine Louise en 1806 C’était un grand cercueil en plomb qui fut extrait et immédiatement lavé de son liquide nauséabond. Heureusement, il était resté très hermétiquement fermé. Une plaque était scellée sur le cercueil. On put y lire cette épitaphe gravée en lettres rouges et encadrée par une bordure de larmes et de croix de Lorraine. Elle portait les Armes, d’or à la bande de gueules chargée de trois alerions d’argent ; au lambel d’azur en chef brochant sur le tout :
«
CY GIST LOUYSE DE LORRAINE ROYNE DE FRANCE ET DE POLOGNE QUI DECEDA A MOULINS L’AN MIL SIX CENS UN ET LAISSA VINGT MIL ESCUS POUR LA CONSTRUCTION DE CE COUVENT, QUE MARIE DE LUXEMBOURG DUCHESSE DE MERCOEUR SA BELLE SŒUR A FAICT BASTIR, L’AN MIL SIX CENS CINQ. PRIEZ DIEU POUR ELLE. »
Napoléon, prévenu de cette découverte, ordonna l’achat d’une concession de deux mètres carrés au cimetière du Père Lachaise qui avait été ouvert en 1804. La bière de Louise de Lorraine fut enterrée entre le chemin Suchet et le chemin Abadie, à l’endroit où l’avenue des Acacias fait un coude pour rejoindre l’allée transversale n°1. Elle était ainsi sur la droite dans le massif 29 (actuellement 38° division) [ Elle a été remplacée depuis par la tombe de Rouillé du Coudras. ]
Le roi Louis XVIII n’apprit le destin de ce cercueil qu’en 1816. Il s’empressa de le faire transférer dans la crypte de la basilique de Saint-Denis.
Le 16 janvier 1817, à 3h de l’après-midi, en présence de M. de Lalane, conseiller d’Etat, de M. Jalabert, premier vicaire de la métropole, d’un aumônier du Roi, du curé de Charonne, on commença à procéder à l’exhumation du corps de Louise de Lorraine. Elle dura jusqu’à 7h du soir.
Le cercueil fut trouvé entier.
On l’ouvrit. C’est alors que l’on découvrit un squelette complet. Les ossements furent déposés dans un cercueil neuf.
Puis le cortège se mit en marche : deux détachements, l’un des Gardes du corps, l’autre de Dragons du Roi, formaient l’escorte. Très tard dans la nuit, à la lueur des flambeaux, le cortège arriva sous les voûtes de l’abbatiale de Saint-Denis. Le clergé entonna le psaume des morts devant le catafalque. Après le Dies irae chanté en nsourdine, l’absoute fut donnée et le cercueil pénétra dans la crypte au bruit des cloches interrompu seulement par les versets de l’hymne de la douleur et de l’espérance. Il fut déposé provisoirement dans l’ancien caveau de Turenne qui allait bientôt devenir l’ossuaire des Rois en 1817. Puis la dépouille de la reine Louise fut transférée dans la crypte centrale, son cercueil reposant sur des tréteaux. Vers 1970, l’architecte Jules Formigé fit transférer les cercueils dans un caveau sous la crypte centrale. Depuis, la reine Louise de Lorraine, veuve du roi Henri III, y repose …
C’est, avec Louis VII, le seul corps royal intact d’un personnage de l’Ancien Régime, à reposer à Saint-Denis, puisqu’il n’était pas inhumé dans la basilique lors de la violation des sépultures en 1793. Tous les autres ont été profanés.