Saint-Denis, cimetière des Rois
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 La gisante noire : le mystère de la fausse Blanche de Castille...

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2 participants
AuteurMessage
Alexandre Lenoir

Alexandre Lenoir


Messages : 187
Date d'inscription : 25/03/2011
Age : 57
Localisation : Musée des Monuments français ... à Paris

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MessageSujet: La gisante noire : le mystère de la fausse Blanche de Castille...   La gisante noire :  le mystère de la fausse Blanche de Castille... Icon_minitimeMar 10 Mai - 13:48

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La gisante noire : le mystère de la fausse Blanche de Castille...

La gisante noire :  le mystère de la fausse Blanche de Castille... Bgnr61
On remarquera les gants, les franges le long des manches, les cheveux bouclés,
... détails assez inhabituels parmi sur les gisants de Saint-Denis !
Sans parler des dragons aux pieds de la princesse (voir photo en bas de cet article) !!!
L’identité de cette belle gisante noire reste encore aujourd’hui un mystère. Une seule chose est sûre : sa provenance, l’abbaye de Maubuisson.
Longueur : 1,95 m ; largeur : 0,69 m.

Différentes hypothèses ont été formulées pour cette étonnante œuvre en calcaire carbonifère à l’aspect de marbre.

Cette princesse inconnue est présentée couchée sur le dos, les mains jointes et gantées ! Un voile court cache une partie de sa chevelure bouclée. Elle est vêtue d’un surcot sur lequel une longue robe est visible. Les pieds reposent sur deux dragons.

La gisante noire :  le mystère de la fausse Blanche de Castille... 25ai3ww

1° identification : La reine Blanche de Castille, épouse de Louis VIII et mère de Saint Louis. C’est Alexandre Lenoir qui a soutenu cette thèse en 1806, sur le seul fait de l’avoir récupérée à l’abbaye de Maubuisson où était bien enterrée la mère du saint roi.
Lenoir installe alors son gisant au Musée des monuments français, au milieu d’une composition de fantaisie du tombeau de la reine. Il n’a pas hésité à cette occasion à faire peindre en blanc le gisant pour qu’il passe pour celui de « Blanche » ( !)
La gisante noire :  le mystère de la fausse Blanche de Castille... 6401g3
Le "bricolage" d'Alexandre Lenoir au Musée des Monuments français
Un tombeau réinventé pour une fausse Blanche de Castille...
Dessin de Couronne, début XIX° s., ©️ RMN
On s’appuie aussi sur un texte de 1225 mentionnant l’achat à Tournai d’une tombe pour la reine…

Hélas, les inventaires de la Révolution sont formels : le tombeau de Blanche de Castille a été détruit et fondu le 10 novembre 1792. Il était en cuivre doré. Et du reste, l’achat à Tournai peut justement correspondre à une tombe de cuivre.


2° identification : Catherine Ire de Courtenay (vers 1274-1308), impératrice titulaire de Constantinople (1283-1308), fille de l'empereur Philippe Ier de Courtenay et de Béatrice d'Anjou-Sicile, elle épousa en 1301 le frère de Philippe IV le Bel, Charles de France.
À sa mort, ses droits sur l'Empire latin de Constantinople furent dévolus à sa fille, Catherine II de Courtenay-Valois (1301-Naples 1346), impératrice titulaire de Constantinople, qui épousa en 1313 Philippe Ier, prince de Tarente (Philippe II d'Anjou-Tarente).

C’est la Gallia christiana qui donne cette identification, réfutée dès le XVII° s. par Dom Estiennot. En fait, selon les chroniqueurs, l’impératrice Catherine aurait été enterrée chez les frères prêcheurs de Paris.

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3° identification : Mahaut d’Artois.
[ Pour celles et ceux qui ont lu les Rois Maudits de Maurice Druon, il s’agit de l’horrible comtesse capétienne qui spolie son neveu Robert du comté d’Artois, puis tente de faire de ses deux filles des reines de France en les mariant avec les héritiers du roi Philippe le Bel (les futurs Philippe V et Charles IV), et en jouant de poisons et diverses intrigues pour aider ses gendres à accéder au trône. Robert, pour se venger de sa tante, intrigue dans le sens contraire. Le conflit entre Mahaut et Robert pour le pouvoir contribue à la fin de la dynastie capétienne directe, ce qui provoque la revendication du trône de France par le roi Édouard III d'Angleterre, fils d’Isabelle de France, la seule fille survivante de Philippe le Bel, et mène à la guerre de Cent Ans. Son rôle fut interprété à la télévision par Hélène Duc puis Jeanne Moreau…
Tout ceci semble assez loin de la réalité historique puisque la vraie Mahaut semble avoir été une femme généreuse essayant d’atténuer les tensions entre membres de la tribu capétienne.
Le 23 octobre 1329, Mahaut, après avoir dîné à Poissy avec le roi Philippe VI, passe la nuit à l’abbaye royale de Maubuisson. Le lendemain, elle rentre à Paris. Le 25, dans la nuit, elle tombe subitement malade ; son médecin accourt mais les saignées et remèdes divers ne peuvent rien, la comtesse meurt le 27 octobre. Son corps est inhumé à l’abbaye de Maubuisson, aux pieds de son père, tandis que son cœur est porté à l’église des Cordeliers de Paris dans la tombe de son fils. Sa fille, la comtesse Jeanne II de Bourgogne, lui succède au titre de comtesse d'Artois. Soupçonné de l’avoir empoisonnée, son neveu Robert III d'Artois s’enfuit et se réfugie en Angleterre, où il soutient les prétentions du roi Édouard III à la couronne de France, d’où découlera la guerre de Cent Ans.
]
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Ce nom est proposé dès le XVIII° S. par l’abbé Milhet, chanoine attaché à Maubuisson. Cette fois, la piste est sérieuse et un certains nombre d’historiens s’y rallient. En effet, la comtesse Mahaut, petite-nièce de Saint Louis, est enterrée à l’abbaye en 1329. De plus, un document de 1323 concerne la commande passée par cette princesse à un artiste tournaisien pour une tombe à livrer à l’abbaye : « A maistre Jehan Allaul, de Tournay, pour la demeure de VIII (XX) livres qui li estoient deu pour un marbre que il a fait pour madame, envoiiet a Malbuisson, IIII (XX) livres. Et les autres IIII (XX) livres compta li recheveur a le toussaint l’an XXII ». D’autant que le port de la couronne pourrait ne pas avoir été toujours strictement réservé aux personnages royaux et que l’archaïsme du style s’accorde bien avec ce que nous connaissons de la sculpture tournaisienne de cette époque. Mais Alain Erlande-Brandenburg récuse cette théorie car le texte de 1323 ne précise pas le destinataire de l’œuvre ; en outre, il avance l’idée d’une quasi impossibilité de commander son tombeau ad vivum (objection cependant remise en question car il existe bien quelques cas de ce type)

4° identification : Marie de Brienne, dernière impératrice latine de Constantinople. Fille de Jean de Brienne, Roi de Jérusalem, empereur latin de Constantinople, et de Bérengère de Castille, épouse de Baudouin de Courtenay (1217-1273), dernier empereur latin de Constantinople de 1239 à 1261.

C’est à l’heure actuelle l’hypothèse qui a le vent en poupe, même s’il y a toujours des désaccords. De par son style, le gisant remonte sans doute à la seconde moitié du XIII° siècle.
Sa couronne, ses gants et son anneau sont de tradition orientale.
Quant aux dragons placés aux pieds de l’élégante silhouette, ils associeraient Marie à sa sainte patronne, la Vierge, vainqueur du mal et foulant du pied le démon.
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Linceul royal
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Localisation : Abbaye de Saint-Denis

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MessageSujet: Re: La gisante noire : le mystère de la fausse Blanche de Castille...   La gisante noire :  le mystère de la fausse Blanche de Castille... Icon_minitimeMer 19 Oct - 5:47

S'agissant de l'interprétation d'Alexandre Lenoir, il est difficile de dire s'il était ou non de bonne foi en attribuant ce gisant à Blanche de Castille.

Ce n'est d'ailleurs pas impossible qu'il y ait cru ; entre ces grandes migrations de vestiges rescapés, des confusions étaient toujours possibles.
Au-delà, son musée était aussi une réinterprétation d'oeuvres à la gloire de l'art français. C'est toute la personnalité et le travail de Lenoir qui mériteront à ce sujet une analyse plus détaillée sur le forum.

Le récent cycle de conférences à la basilique sur ce sujet, ainsi que ceux annoncés à l'INHA, devraient y aider. Sur le premier, nous donnerons bientôt un compte rendu.

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