L'abbaye Notre-Dame-la-Royale dite « de Maubuisson » est une ancienne abbaye royale cistercienne fondée en 1241 par Blanche de Castille.
Elle est située sur la commune de Saint-Ouen-l'Aumône, non loin du château de Pontoise, dans le Val-d'Oise.
Façade sud de l'abbaye de Maubuisson
Blanche de Castille, dans le cadre d'un renforcement des liens entre la royauté et les abbayes, décide de financer sa propre abbaye. Elle annexe donc à son domaine, en 1236, Pontoise et Saint-Ouen-l'Aumône. Ces terrains présentent l'avantage d'être situés à proximité de son château et à côté d'une rivière, la Liesse. C'est là, en territoire d'Aulnay, près de Saint-Ouen-l'Aumône, qu'elle fonde Maubuisson (du latin malodumum qui signifie « buisson maudit », nom d'un ancien repaire de brigands qui se trouvait dans les parages ; l'abbaye « sanctifie » ce lieu malfamé).
Pour peupler cette abbaye, Blanche de Castille s'est adressée, dès 1237, au chapitre général de Cîteaux ; et, en 1242, elle a tenu elle-même à installer, dans les bâtiments à peine achevés, un groupe de moniales venues de Saint-Antoine près Paris. Elle avait donné à cette fondation le nom de Notre-Dame-la-Royale, en l'honneur de la Vierge Marie qui est la sainte patronne du royaume de France, mais les noms de lieux ont la vie dure et c'est Maubuisson qui a, au cours des siècles, prévalu.
Après la fondation de l'abbaye en 1241, celle-ci est rattachée à l'ordre cistercien en 1244. Elle bénéficie, du fait de son caractère royal, d'une forte protection et joue un rôle important dans l'économie locale.
Blanche de Castille a fondé une abbaye qui possède trois rôles bien distincts :
dans un premier temps, il s'agit d'un endroit de recueil pour les jeunes filles de bonne noblesse ;
dans un deuxième temps, l'abbaye de Maubuisson est utilisée comme résidence royale ;
enfin, c'est une nécropole royale : Bonne de Luxembourg y fut inhumée ; son fils Charles V y avait fait préparer son propre tombeau, et Gabrielle d'Estrées sera inhumée en 1599 dans le chœur de la chapelle.
En 1307, le roi de France, Philippe IV le Bel, y organise dans la plus grande discrétion une réunion destinée à préparer l'arrestation dans le royaume des frères de l'ordre des Templiers.
L'économie solide de l'abbaye lui permet de survivre à la guerre de Cent Ans.
Au début du XVIe siècle, sous l'impulsion de l'abbesse Antoinette de Dinteville (1482-1523), de nouveaux corps de bâtiment sont construits et l'abbaye compte 120 moniales. Mais la communauté traverse une période sombre avec les guerres de religion : par deux fois au moins, en 1566 et en 1588, l'abbaye et ses dépendances sont pillées par les troupes protestantes.
En 1597, Angélique d'Estrées, la sœur de Gabrielle, obtient du roi Henri IV la charge de mère-abbesse de l'abbaye royale. Les mœurs de l'abbaye n'ayant plus grand-chose à voir avec les règles de l'ordre de saint Benoît et saint Bernard, Angélique Arnauld reçoit en 1618 ordre du vicaire général de l'ordre de Cîteaux de quitter l'abbaye de Port-Royal pour réformer l'abbaye de Maubuisson. Là, elle a maille à partir avec Mme d'Estrées et ses amants. Mais, sur l'intervention du Parlement de Paris, le prévôt de l'Île s'empare des religieux séditieux et rétablit Angélique Arnauld à la tête de l'abbaye. François de Sales rend plusieurs fois visite à la nouvelle abbesse.
Puis Angélique Arnauld est remplacée à la tête de l'abbaye par Mme de Soissons, mais celle-ci, qui « n'avoit pas pris, nous dit Racine, un fort grand soin d'y entretenir la régularité que la Mère Angélique y avoit établie… », meurt en 1627. La nouvelle abbesse, Marie Suireau ou « Marie des Anges », choisie sur proposition d'Angélique Arnauld, dirige Maubuisson jusqu'en 1649. Dès 1628, elle eut à faire face à une tentative de conversion de l'abbaye au molinisme mais, deux religieuses suspectes ayant été évincées, le retour aux canons cisterciens s'affirma.
Louise Hollandine (1622-1709), fille de Frédéric V du Palatinat et tante de Charlotte-Élisabeth de Bavière (1652-1722), seconde belle-sœur de Louis XIV, fut également abbesse de Maubuisson.
C'est au XVIIIe siècle que l'abbaye voit son influence régresser : le nombre de religieuses passe de 70, en 1720, à 18, en 1780. En 1786, Louis XVI décide de fermer l'établissement.
Les abbesses de Maubuisson:1242-1275 : Guillemette I
1275-1276 : Agnès de Laval
1276-1309 : Blanche de Brienne d'Eu
1309-1345 : Isabelle de Montmorency
1345-1362 : Marguerite I de Moncy
1362-1390 : Philippa Paynel de Hambuye
1390-1391 : Catherine I de Flins
1391-1406 : Jeanne d'Ivry
1406-1456 : Catherine II d'Estouteville
1456-1461 : Madeleine I
1461-1473 : Marguerite II Danes
1473-1482 : Guillemette II Martine
1482-1523 : Antoinette de Dinteville des Chenets
1523-1524 : Henriette de Villers la Faye
1524-1543 : Marie I de Montmorency
1543-1546 : Marie II d'Annebault
1546-1574 : Marie III de Pisseleu d’Heilly
1574-1594 : Madeleine II Tiercelin de Brosses
1594-1597 : Françoise Tiercelin de Brosses
1597-1618 : Angélique d'Estrées (sœur de Gabrielle d’Estrées)
1618-1621 : Intérim de l’abbesse de Port-Royal des Champs
1623-1626 : Charlotte I de Bourbon-Soissons
1626-1648 : Marie IV Suireau de Rocheren
1648-1652 : Suzanne de Hénin-Liétard de Roches
1652-1653 : Marguerite III de Béthune d’Orval
1653-1664 : Catherine III Angélique d'Orléans-Longueville
1664-1709 : Louise-Hollandine-Marie de Bavière-Palatinat
1709-1719 : Charlotte II Joubert de La Bastide de Châteaumorand
1719-1765 : Charlotte III de Colbert-Croissy
1765-1766 : Marie V Marguerite de Jarente de Sénas d’Orgeval
1766-1780 : Venture-Gabrielle de Pontevès de Maubousquet
1780-1787 : Gabrielle-Césarine de Beynac
Après la Révolution:L'abbaye perd sa fonction religieuse lors de la Révolution française pour devenir un hôpital militaire en 1793, puis une carrière de pierres, une filature et une ferme.
Classée monument historique depuis 1947, elle devient la propriété du conseil général du Val-d'Oise en 1979. Des fouilles archéologiques poussées y sont menées durant deux ans, jusqu'en 1981, suivies d'importants travaux de réparations avec, notamment, la rénovation de la couverture de la tour de la grange dîmière, en 1988-1990, à l'aide de tuiles en bois, par des maîtres couvreurs.
Centre d'art contemporain:L'abbaye de Maubuisson abrite aujourd'hui des expositions. Depuis 2000, elle dédie sa programmation aux arts plastiques et visuels contemporains. Les artistes invités sont choisis pour la force et l’actualité de leur recherche mais aussi pour leur capacité à interroger un espace beaucoup plus complexe que sa seule identité patrimoniale.
Deux grandes expositions monographiques sont organisées chaque année. Elles donnent lieu à la production d’œuvres originales et reflètent la richesse et la diversité de la création contemporaine (installation, vidéo, photo, sculpture, peinture, art numérique, création sonore…). L’abbaye est un laboratoire de projets : toute l’année, elle développe des programmes de recherche, de production et de médiation autour des trois axes qui structurent son identité : patrimoine, création contemporaine, écologie urbaine.
L'abbaye fait partie du réseau Tram de médiation de l'art contemporain en Île-de-France.