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Le tombeau de Louis XII et Anne de Bretagne Ce monument, situé au Nord du transept, est un hommage de François I° à son prédécesseur dont il n’était que le cousin, même si les liens du sang éloignés avaient été revivifiés par le mariage du Roi avec Claude de France, fille aînée de Louis XII et d’Anne de Bretagne.
Les travaux étaient bien avancés à l’automne 1516, soit moins de deux ans après la mort de Louis XII. En attendant, les cercueils reposaient dans le caveau que Louis XII avait construit pour le corps de sa femme, recouvert d’une simple dalle en marbre blanc, gravée d’une épitaphe rimée.
Arrivée du corps d'Anne de Bretagne et réception par le cardinal de Luxembourg à Saint-Denis (1513)
Paris, Petit Palais - Miniature attribuée à Jean Perréal.
photo BNF Le monument fut commandé à l’atelier des sculpteurs italiens Antonio et Giovanni di Giusto di Betti (Antoine et Jean Juste). L’artiste lyonnais Jean Perréal, déjà concepteur du tombeau des ducs de Bretagne, a pu participer au projet. La sculpture est sans doute de Michel Colombe et de Guillaume Regnault. Mais il convient d’être prudent sur l’analyse de la variation des styles. Car elle pourrait plus simplement s’expliquer par le statut spécifique des figures (effets de réalisme pour les gisants, d’idéalisation pour les vertus) ou par des directives précises des commanditaires (la rigidité du priant d’Anne de Bretagne)
Alors que Charles VIII était représenté en orant sur une structure en forme de coffre, le tombeau de son successeur était beaucoup plus sophistiqué.
Deux transis sont placés à l’intérieur du monument qui se présente sous une forme architecturée à arcades qui rappelle le tombeau du comte de Champagne Henri I° (XII°s) dans la chapelle castrale de Troyes.
L’édifice à arcades reprend la structure du tombeau de Gian Galeazzo Visconti (arrière grand-père de Louis XII par sa grand-mère Valentine Visconti) à la chartreuse de Pavie, et le fin décor des pilastres correspond aux ornements de la première Renaissance française.
Ces statues couchées, les plus dramatiques, représentent les cadavres saisis dans les affres de la mort, pris par les derniers spasmes, le ventre recousu par l’embaumement, les bouches entr’ouvertes par le dernier râle, la peau collée au squelette, les seins affaissés, la tête renversée pour la reine.
Ils sont entourés des figures des douze apôtres et des quatre Vertus cardinales (Prudence, Justice, Tempérance, et Force). Cette disposition est directement inspirée du tombeau du duc de Bretagne François II à Nantes.
Deux statues en orants couronnent la plate-forme : les souverains sont représentés agenouillés, les mains jointes, devant un prie-Dieu. Ils ont l’air apaisé, loin de l’angoissante présentation des gisants. Anne regarde droit devant elle, l’œil fixé vers l’au-delà, un peu raide ; mais Louis a un visage doux et pensif, animé d’une esquisse de sourire, la tête penchée sur sa droite.
Ils n’ont toutefois pas d’attributs royaux – à la différence du priant de Charles VIII : pas de couronne, pas de symbole du pouvoir, pas d’armoiries. Juste un costume d’apparat.
Les bas-reliefs du soubassement illustrent les victoires de Louis XII en Italie, actions héroïques inspirant alors le jeune François I°. L’homme s’impose désormais en tant qu’ individu et non plus seulement comme souverain, et son tombeau doit éterniser son nom.
Au total, le tombeau royal pétrifie les trois éléments éphémères du cérémonial funéraire d’alors : le corps embaumé, l’effigie de cire, et le catafalque.