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Le "tombeau" de Louis XIV (en réalité cénotaphe du XIX°s)
Louis XIV fut inhumé à Saint-Denis à sa mort en 1715. Mais curieusement, le Roi-Soleil, si fastueux, n'eut pas de monument funéraire à sa gloire. Comme pour son grand-père Henri IV et son père Louis XIII, le cercueil ne fut que déposé dans le caveau des Bourbons, dans la crypte.
Pourtant, Mansart avait bien reçu commande de projet pour une grande rotonde des Bourbons, et Louis XIV avait un temps songer faire du dôme des Invalides son mausolée.
Sur cette question complexe, je renvoie à la section concernée :
https://saintdenis-tombeaux.1fr1.net/t211-la-rotonde-des-bourbons-un-projet-oublieCe n'est que bien après les profanations de la Révolution, sous la Monarchie de Juillet, que Louis-Philippe I° voulut rendre hommage à son prédécesseur dont les restes avaient disparu en 1793 dans la fosse commune ouverte par les révolutionnaires.
Le monument que l'on trouve aujourd'hui dans la chapelle commémorative des Bourbons, dans la crypte, ne date que des années 1841-42. Il est l'oeuvre de l'architecte Debret.
Il se compose d'épaves de monuments funéraires ou l'église disparus durant la Révolution et apportés à Saint-Denis.
- Le médaillon central représente bien Louis XIV. Il est de l'atelier de Girardon. On en ignore la provenance exacte.
- Les deux vertus pleurant de chaque côté du médaillon sont de Le Sueur et proviennent du tombeau du cardinal du Vair, évêque de Lisieux et de Marseille.
- Le grand ange est de Jacques Bousseau (XVIII°s) et vient de l'église de Picpus.
- Les colonnes de marbre proviennent de l'église Saint Landry.
- Les bas-reliefs avec les "L" entrelacés viennent de l'église du couvent des Célestins. Mais ce n'était pas à l'origine le "L" de Louis XIV : ces "L" proviennent du tombeau de Louis de Cossé.
- On trouvait aussi des génies provenant du tombeau précédemment cité, mais ils ont été expédiés au Louvre par Violet-Le-Duc.
Ce cénotaphe est, avec ceux d'Henri IV et de Marie-Thérèse d'Autriche, le seul de ce type à avoir survécu aux destructions opérés par Violet-le-Duc et Formigé. Le premier voulait effacer dans le déambulatoire de la crypte les oeuvres montées par Debret, le second par sobriété a laissé Le Louvre emporter beaucoup d'éléments dans les années 1950 et 60.
Résultat : Louis XIII, Louis XV n'ont plus leur cénotaphe. Des débris de celui de Louis XIII restent toutefois dans les réserves du Louvre et seraient récupérables.
D'une façon générale, ces cénotaphes désormais isolés n'ont plus de cohérence dans leur disposition. Celui de Louis XIV est en retrait, au fond à droite de la chapelle souterraine des Bourbons et la plupart des visiteurs ne le repèrent même pas. La place de ce type de monument serait davantage dans l'église haute que dans une crypte basse. Lorsque l'on admire celui-ci, on ne peut s'empêcher de ressentir une certaine claustrophobie tant la disproportion est grande entre le monument et sa localisation.
A méditer ...