Les restes royaux du Musée Tavet-Delacour de Pontoise
Une importante collection de reliques royales issue des profanations de Saint-Denis en 1793 provenant d'un sieur Brulay avec toutes les archives correspondantes (dossier No 372.170) est toujours conservée au musée Tavet-Delacour de Pontoise, dans les réserves.
Musée Tavet-Delacour, Pontoise Inventaire royalLa collection comporte :
- un fragment de la mâchoire de Dagobert, avec deux dents dans leurs alvéoles,
- un morceau de crâne de Saint Louis,
- deux dents maxillaires de Saint-Louis
- des dents d’Henri III,
- des cheveux de Philippe Auguste,
- deux dents de Louis XIV
- une dents du Grand dauphin
- une molaire d'Henri IV accrochée à un bridge,
- des cheveux d'Henri IV,
- le pouce de la main gauche d'Henri IV-
la jambe momifiée de Catherine de Médicis…(cette jambe momifiée, spectaculaire, est la plus belle pièce de la collection. Elle est suspendue dans un aquarium rectangulaire)
Bien entendu, l’authenticité d’une relique est par définition incertaine.
Mais la récente étude scientifique sur la tête "Bourdais"/d’Henri IV a permis de relier ces restes entre eux. En effet, une analyse toxicologique comparative a permis de trouver à la surface des reliques supposées et de la tête dite d’Henri IV une même concentration anormalement élevée de plomb (les cercueils royaux étaient confectionnés en plomb) avec une même signature isotopique, c'est à dire qui proviennent de la même mine, du même lieu d’extraction. Il est donc vraisemblable que les reliques de Pontoise attribuées à Henri IV ont séjourné dans le même cercueil que la tête retrouvée récemment et que le docteur Philippe Charlier a attribuée à Henri IV (?)
Une pièce manque toutefois...
Selon la liste originale conservée dans les archives, il devrait aussi y avoir « l’organe de la génération » d'Henri IV mais il a été volé au siècle dernier, on ne sait pas trop comment.
Qu'en penser ? Ces reliques semblent authentiques.
L’analyse des archives conservées par la municipalité de Pontoise laisse apparaître une bonne traçabilité et fournit en plus des données inédites. M. Brulay était le receveur des domaines de Saint-Denis sous le Terreur. La veuve Brulay a tout consigné de sa main. Elle témoigne qu’à Saint-Denis, devant la fosse, son mari, « qui était en admiration des grandes qualités d’Henri IV, suivit Messieurs les commissaires dans le dessein d’en recueillir quelques débris si il était possible. Ces Messieurs ne lui ayant fait aucune objection, il en retira lui-même quelques morceaux… ». Et pas que d'Henri IV !
Le 2 septembre 1822, madame de Courcelle, veuve Brulay, 25 rue du Jardin-du-Roy à St Denis, propose à la SAR la duchesse de Berry des fragments d'ossements et des tissus prélevés par son mari lors du viol des tombeaux. Mais elle demande la somme assez exorbitante de 10 000 francs pour la mâchoire de Dagobert (authentifiée par un parchemin - ?), les deux dents de Louis XIV ainsi que des fragments de fer et de tissus. La jeune duchesse ne donna pas suite. Pourtant, le marquis de Lauriston, pair et maréchal de France, a bien tenté d'infléchir la volonté de la veuve Brulay en lui proposant de rendre les reliques gratuitement, moyennant quelques compensations honorifiques, ce qu'elle refusa énergiquement. Par héritage, une certaine madame Tavet rentra en possession de cette collection à la fin du XIX° siècle. Le musée de Pontoise, qui a accueilli ces reliques, porte son nom.
Ces pièces ne peuvent être vues. Elles n'ont été exposées qu'une fois, en l'an 2000, pour les journées du patrimoine. Mais nombre de ces reliques sont trop fragiles pour être montrées au public.
Souhaitons qu'elles réintègrent un jour Saint-Denis, leur place naturelle et légitime !