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Les tombeaux des premiers rois Valois, Philippe VI et Jean II le Bon En 1328, à la mort de Charles IV, dernier capétien direct, le trône passe à Philippe VI de Valois (1328-1350), fils de Charles, comte de Valois qui était le frère de Philippe le Bel. Ce règne fut difficile, marqué par les débuts de la Guerre de Cent ans. En effet, le roi d'Angleterre Edouard III, petit-fils de Philippe le Bel par sa mère Isabelle de France, conteste l'accession du Valois au trône et lui déclare la guerre. Philippe VI put se prévaloir de la loi salique et du soutien de la famille capétienne. Il subit néanmoins la cruelle défaite de Crécy (1346) et le royaume fut touché par la terrible peste noire (1347-1349).
La première femme de Philippe VI, Jeanne de Bourgogne (petite-fille de Saint Louis) meurt le 12 décembre 1349. En attendant que son royal époux ne la rejoigne dans le trépas, elle est enterrée à côté de son cousin capétien Charles IV.
Le roi était présent à Saint-Denis lorsque le testament établissant ces prescriptions fut établi et le confirma en faisant ajouter l'empreinte du grand sceau royal à celui de sa femme.
Moins d'un an après la mort de Jeanne, Philippe VI est inhumé à ses côtés.
Le corps de leur fils, le roi Jean II (1350-1364) sera placé quatorze ans plus tard à l'endroit le plus proche du maître-autel, le seul emplacement qui restait dans la rangée de tombes inaugurées par Philippe V.
Il restait bien une place inoccupée, mais c'était celle que Jeanne d'Evreux, encore vivante, s'était fait réserver.
Philippe VI et Jeanne de Bourgogne devront attendre le règne de leur petit-fils Charles V (1364-1380) pour que leurs sépultures reçoivent enfin un tombeau.
Le monument funéraire de Philippe VI avait été commencé par son fils Jean avant que la guerre ne reprenne avec les Anglais.
Tombeau de Philippe VI (état avant la Révolution ; il n'en reste plus que le gisant) Battu et capturé à Poitiers par le prince noir, Jean II est emmené en captivité en Angleterre où il meurt en avril 1364. Après le retour du corps de son père de Londres et son enterrement à Saint-Denis le 8 mai, Charles V ne perdit pas de temps : dès le mois d'octobre 1364, il commande à André Beauneveu, un des plus grands sculpteurs de l'époque, des tombeaux pour ses grands parents, pour son père, ... et chose exceptionnelle, pour lui-même !
Charles V n'est toutefois pas le seul à avoir commandé son effigie funéraire de son vivant : sa cousine, Jeanne d'Evreux, fit exécuter avant 1366 des effigies pour ses tombeaux de corps, à Saint-Denis, et de coeur, à l'église des Cordeliers de Paris. A la mort de Jeanne en 1371 son monument vint rejoindre ceux de Philippe VI, de Jeanne de Bourgogne et de Jean II. Il fut donc placé à côté du monument de son mari Charles IV.
Détail important : les gisants qui étaient "prêts" attendaient la mort de leur modèle dans la salle du Trésor de Saint-Denis.
Pour les quatre tombeaux, Charles V paya la somme de 4700 livres d'or.
La seconde épouse de Jean II, Jeanne d'Auvergne et de Boulogne, fut emportée par la peste en 1360 à l'âge de 34 ans ; on ignore absolument où elle avait été enterrée. Aucun monument ne semble avoir été érigé.
Le tombeau de Jeanne de Bourgogne a été détruit durant la Révolution et n'est connu que par un dessin de la collection Gaignières.
Les gisants de Philippe VI et de Jean II ressemblent à des portraits très réalistes : l'individualité du souverain est bien représentée, sans aucun archétype de visage.
Visage du gisant de Philippe VI.
Le roi semble supporter jusque dans la mort le poids accablant des événements dramatiques qui marquèrent les dernières années de son règne (attaques anglaises et défaites de L'Ecluse et de Crécy, peste noire, famines ... )
Le visage a les traits alourdis...
Le pli amer de la bouche et le front soucieux, plissé, donnent au souverain une expression d'indicible lassitude.Visage du gisant de Jean II le Bon Le portrait de Jean II, de profil, est la première peinture représentant
un chef de l'Etat français de façon réaliste, à être parvenue jusqu'à nous.
Il a été peint par Girard d'Orléans à Londres durant la captivité, en 1359 ;
et est aujourd'hui au Louvre.
Le portrait a été exécuté sur toile imprégnée de plâtre, puis collée sur bois.
On y retrouve bien les traits dominants repérés sur le gisant
(long nez, petits yeux rapprochés, menton fort).Philippe VI et Jean II sont revêtus de leurs habits de sacre et coiffés d'une couronne d'un genre nouveau, à quatre fleurons au lieu de huit.
Chaque gisant tenait, en plus du sceptre traditionnel, la main de justice dont l'importance n'a cessé de s'affirmer depuis l'époque de Philippe le Bel.
Présentation actuelle des gisants. On peut regretter que la dalle de pierre ne soit pas assez profonde. Les tombeaux étaient bien regroupés côte à côte mais les gisants ne reposaient pas sur une même dalle.
Il faut imaginer une suite de tombeaux individuels avec les gisants reposants sur un bloc et une dalle de marbre noire.
L'effet est donc totalement manqué. Les gisants de marbre blanc étaient faits pour être appréciés sur un fond noir.
Profanation des tombes en 1793 -Alors que les tombeaux avaient été détruits en août 1793, les tombes, elles, furent profanées au petit matin du mercredi 23 octobre 1793.
On trouva d'abord celle de Philippe VI, qui avait la forme d'une auge tapissée intérieurement de plomb et fermée par une forte lame de même métal, soudée par des barres de fer. Le tout était recouvert d'une longue et large pierre plate. On retrouva une couronne et un sceptre surmonté d'un oiseau de cuivre doré.
Plus près de l'autel, on a trouvé le tombeau de Jeanne de Bourgogne, première épouse de Philippe VI. A côté de ses ossements figuraient un anneau d'argent, un reste de quenouille ou de fuseau...
La tombe de Jean II fut forcée le vendredi suivant, 25 octobre 1793 ( 4 brumaire an II ). On trouva le grand squelette du vaincu de Poitiers, accompagné d'une couronne, d'un sceptre fort long mais brisé, et d'une main de justice ..., le tout en argent doré.
Les ossements furent jetés à la fosse commune.