Cher Saint Eloi, je suis très perplexe. Cette représentation est incompréhensible.
1) Le dais ne ressemble à rien
2) Le voile-mentonnière ressemble à un bâillon, cas unique dans la mode du XIV°s !!!
3) Surtout, les chiens, symboles de fidélité (ce qui fait sourire dans le cas de cette reine ...) ne sont pas perpendiculaires au corps, mais SOUS le corps, à la verticale ! Et sur un socle ! On dirait vraiment que la statue est debout.
4) La position des mains (absentes) est curieuse : tels que sont positionnés les bras restant alors, il était impossible qu'elles soient rejointes, en prière ! Portaient-elles quelque chose ?
Autrement dit, n'était-ce pas plutôt une statue décorant le portail de l'église ou du réfectoire ?
Oui mais ... Il y a bien un oreiller derrière la tête de la reine !!!
Bref, tout est incohérent.
A quelle sculpture de Thomasin pour le château de Versailles pensiez-vous ? C'est intéressant car on pourrait remonter la filière !
Sur les Franciscains : il s'agit en fait du couvent des Cordeliers de Paris.
(plan extrait de l'Atlas de Paris au Moyen Age de Laurentz et Sandron) Ce site a une histoire riche et complexe. Au XIIIe siècle, ce sont des champs de vignes bordés par l’enceinte de Philippe Auguste (l’actuelle rue Monsieur le Prince). Louis IX (le futur saint Louis) les offre aux frères de saint François qui ont décidé de s’installer à Paris. Les moines de cet ordre sont surnommés “cordeliers”, à cause de la corde qui ceint leur robe.
Les Cordeliers occupaient au début un modeste logis qu'ils tenaient de l'abbé de Saint-Germain-des-Prés. Saint Louis leur fournit des ressources nécessaires pour construire leur église. La construction débuta vers 1230. Elle a été édifiée sous la direction de l'architecte du roi, Eudes de Montreuil. Il avait sculpté son propre tombeau (qui disparut dans l'incendie de l'église des Cordeliers de Paris le 15 novembre 1580)
De 1234 à 1571, sont donc construits : un important couvent qui comprendra une école de théologie, deux cloîtres, des jardins, une vaste église et un important réfectoire, seul élément qui subsiste aujourd’hui de cette abbaye. Cette communauté des cordeliers sera un centre d’enseignement renommé accueillant un grand nombre d’étudiants, en concurrence avec la Sorbonne.
L'église fut dédiée le 6 juin 1262, sous le titre de Sainte-Madeleine. La nef ne fut terminée que vers 1269. L'église s'élevait parallèlement à la rue des Cordeliers (actuelle rue de l’École de Médecine), sur l'emplacement qu'occupe actuellement la Faculté de Médecine (site des Cordeliers).
L'édifice avait 105 mètres de long et 30 mètres de large. L’église conventuelle était la plus vastes du Paris médiéval, après la cathédrale Notre Dame. La nef, qui occupait la moitié occidentale de l’édifice, pouvait accueillir des foules importantes de fidèles venus écouter les sermons enflammés des frères cordeliers installés dans la partie orientale du chœur orné d’une série de chapelles.
René Rocheran, Le cloître des Cordeliers, ailes méridionale et orientale, gravure, entre 1656 et 1673 (Atlas du Paris médiéval) Un incendie en novembre 1580 détruit une partie importante de l'église et du cloître. Qui sait si le « tombeau » de Jeanne de Bourgogne n’a pas subi à cette occasion quelques dégradations ?
Reste qu'il y avait de nombreux tombeaux dans l'église. Parmi eux :
- Les premières grandes figures de l'ordre franciscain furent Alexandre de Hales, saint Bonaventure, Jean Duns Scot. Ils y eurent leur tombeau.
- Le tombeau de Marie de Brabant (1254-1321), reine de France, deuxième épouse du roi Philippe III, dit le Hardi en 1274. Elle y fut enterrée, le 21 janvier 13215.
- Le tombeau de Charles d'Évreux, comte d'Étampes (1305-1336).
Tombe de Charles, comte d'Étampes, petit-fils de Philippe le Hardi, qui était placée dans l'église des Cordeliers de Paris, derrière le grand autel. Ce comte d'Étampes mourut en 1336, d'après Eugène Viollet le Duc.
- Le tombeau de Jeanne de Bourgogne, épouse de Philippe V le Long. (Mais est-ce exact ?)
- Le cœur de Jeanne d'Évreux (1310-1371), reine de France, troisième épouse du roi Charles IV, dit le Bel. C'est elle qui fit construire un Réfectoire de grande taille (56 m x 17 m x 24 m). Il est la seule partie à subsister du Couvent des Cordeliers.
- Le tombeau de Guillaume Froelich (1492 ou 1505-1562) qui fut colonel général des gardes suisses y fut inhumé. Son tombeau avec son buste attribué à Pierre Bontemps est exposé au Musée du Louvre.
- Claude de Bullion, ancien Surintendant des Finances, puis Garde des Sceaux de Louis XIII; son corps reposait dans l'angle de la chapelle du Crucifix. Son mausolée se trouvait appliqué au mur de la dite chapelle face à l'autel. Il se composait d'un sarcophage en marbre noir orné de fleurs et de trois appliques en bronze et soutenu par quatre consoles de marbre blanc, dont deux figuraient des têtes de femmes voilées, avec un chérubin au milieu. Son fils, Noël de Bullion, et de son petit-fils, Armand-Claude de Bullion, y possèderont leurs mausolées. Le tombeau de Claude Bullion est aujourd'hui dans le département des Sculptures du Musée du Louvre.
En 1789, cet ensemble immobilier est remis à l’État. Dans le réfectoire, se tiennent alors les séances de la société des droits de l’homme et du citoyen, le club des Cordeliers animé un temps par Danton.
Le corps de Marat y sera exposé au peuple au milieu des livres de la bibliothèque conventuelle.
Après la révolution, l’État décide d’organiser les études de médecine et de créer une école de santé. La médicalisation du site du 15-21 rue de l’Ecole-de-Médecine est décidée vers 1795.
L’église est d’abord détruite puis le reste des bâtiments vers 1802. "la démolition du Couvent des Cordeliers" de Pierre-Antoine Demachy (vers 1802) Seuls subsistent aujourd'hui le réfectoire et le cloître.
Ancien réfectoire du couvent des Cordeliers / Franciscains de Paris. Six pavillons sont construits pour accueillir les « exercices cadavériques ».
Ainsi disparurent les Cordeliers ...