La nouvelle sacristie de la basilique (1812-1813)
Je poste ce sujet ici, car la sacristie construite sur ordre de Napoléon I° se rattache bien aux bâtiments monastiques et sert même de lien entre ceux-ci et la basilique, mais a été érigé après la disparition de l'abbaye. De par sa fonction, elle est donc à rattacher historiquement à la basilique.Dès 1809 sont lancés les travaux de construction d'une nouvelle sacristie indispensable au service canonial, sur ordre de Napoléon. Elle se situe au flanc Sud du choeur, selon un axe oblique imposé par la présence des anciens bâtiments abbatiaux. Cellerier mène le gros oeuvre : c'est un parallélipipède rectangle couvert d'un berceau en plein cintre et éclairé par deux lunettes hémicirculaires dans l'axe longitudinal. Le décor, les chapiteux et les colonnes doriques, la frise, les caissons de la voûte sont sculptés par Mézière en 1810-1811; Roguier y réalise des anges en bois qui avaient toutefois à l'origine été prévus en plomb.
Au dessus de la porte est alors posé un saint-Denis revêtu de ses habits pontificaux.
Après la visite effectuée par le comte de Montalivet, ministre de l'intérieur, le 2 mai 1811, un projet de décoration est arrêté : 10 toiles encastrées dans des compartiments réservés entre les colonnes doriques, célébraient l'histoire de Saint-Denis. Elles auraient un format identique.
Vivant Denon, qui se rend à Saint-Denis le 17 mai, en dresse le programme :
1) Dagobert fait élever le portail de Saint-Denis.
2) Enterrement de Dagobert, 1° institution de Saint-Denis comme sépulture des Rois.
3) Dédicace de la nouvelle église par Charlemagne en 776.
4) Saint-Louis reçoit l'oriflamme et le bourdon lors de son départ pour la première croisade.
5) Pierre le Vénérable apporte le corps d'Abélard à saint-Denis et le remet à l'abbé Suger.
6) Saint-Louis fait placer à Saint-Denis les tombeaux des rois ses prédécesseurs.
7) Philippe le Hardi apporte à Saint-Denis le corps de Saint-Louis son père.
8°) Charles-Quint reçu par François I° et les seigneurs de sa cour dans l'église de Saint-Denis.
9) L'Empereur Napoléon se fait présenter les plans de Saint-Denis pour sa restauration.
10) Réintégration des monuments et statues des rois à Saint-Denis.
Ce programme est clairement destiné au regard des chanoines-évêques et des visiteurs de marque. Napoléon y apparaît comme le continuateur des rois des premières dynasties. Il comptait d'ailleurs bien effacer les traces des violences et du désordre révolutionnaires. En tout cas, le souvenir des Bourbons en est totalement écarté.
Le programme sera toutefois modifié.
Le cardinal Fesch, oncle de l'empereur, s'oppose au tableau n°5 qu'il juge non fondé historiquement et surtout portant atteinte à la décence et aux bonnes moeurs. Il s'agit de "Pierre le Vénérable apportant le corps d'Abélard à Saint-Denis".
Alors lui fut finalement préféré : " Le couronnement de Marie de Médicis"...entorse faite à la règle de ne pas introduire des Bourbons dans ce programme iconographique. Mais enfin... il s'agissait d'Henri IV et de Rubens, on pouvait faire une exception.
En outre, la réalisation de l'ensemble ne fut pas achevée avant 1823. Dans l'intervalle, le retour des Bourbons et quelques défections d'artistes entrainèrent des changements de sujets et de peintres.
On eut en définitive :
1) La prédication de saint-Denis, dans les Gaules, par Monsiau
2) Les funérailles de Dagobert en 638, par Garnier
3) Charlemagne fait bénir l'église de Saint-Denis en 775, par Meynier
4) Saint-Louis fait rétablir les tombeaux des rois, ses prédécesseurs, dans le choeur de l'église de Saint-Denis, vers 1231, par Landon
5) Saint-Louis prend l'oriflamme à Saint-Denis, en 1248, par Le Barbier l'Aîné
6) Philippe III le Hardi apporte à Saint-Denis les reliques de Saint-Louis, son père, le 22 mai 1271, par Guérin
7) Louis le Gros au lit de mort bénit son fils Louis VII en 1137, par Menjaud
8°) Charles Quint et François I° visitent les caveaux de l'église de Saint-Denis, en 1540, par Gros
9) Le sacre de Marie de Médicis le 13 mai 1610, par monsiau
10) Les ossements des rois déposés dans la cour des Valois, à Saint-Denis, en 1793, en sont retirés pour être recueillis dans un caveau, le 20 janvier 1817, par Heim
Le n°8 remporta un vif succès auprès du public. La toile fut donc déposé au Louvre. Gros en fit une copie pour Saint-Denis, qui fut placée en 1820. Une tapisserie en fut réalisée par les Gobelins entre 1824 et 1828. Elle se trouve au Mobilier national.
Chers amis, à vos recherches ! Si vous possédez des clichés de ces oeuvres... !