Du mausolée gallo-romain à l’église mérovingienne
Saint Denis est le premier évêque des Parisii et, selon Grégoire de Tours, il aurait vécu vers le milieu du III°s, puis aurait succombé aux persécutions sous l’empereur Dèce.
La découverte d’un mausolée gallo-romain à l’emplacement de l’église actuelle indique que Denis fut enterré tout de suite après son martyre sur le site où se développa la vénération pour le saint.
En effet, d’après la « Vie de sainte Geneviève », rédigée vers 520, Denis aurait été inhumé à 10 km au Nord de Lutèce, dans le vicus Catulacensis, la plus ancienne appellation du site de Saint-Denis. A l’emplacement de la basilique l’archéologie confirme l’existence au Bas-Empire (entre 260 et 476) d’une nécropole. La tombe vénérée, retrouvée entre 1952 et 1960 à la verticale de l’actuel maître-autel, était signalée dès le IV°s par un mausolée.
Ce bâtiment était formé d’une nef unique de 9 m de large sur 20,60 m de long. Du reste, il n’est pas impossible qu’un édifice romain plus ancien se soit trouvé dans le secteur. Car dans les maçonneries de fondation a été retrouvée une assise constituée de blocs d’architecture et de décor gallo-romains.
La datation de cette première église construite sur la tombe du saint oscille entre le IV° et le V°s.
Plan de la nécropole et ensemble monumental - reconstitué par Michaël Wyss
(Document Unité d'Archéologie de la Ville de Saint-Denis) 1 - Edifice primitif / 2 - Premier agrandissement mérovingien / 3 - Second agrandissement mérovingien / 4 - église carolingienne / 5 - Massif occidental / 6 et 7 - Annexes latérales
Un premier agrandissement est attesté par une prolongation de 11 m plus à l’Ouest. Alors que Michel Fleury le situait entre 540 et 550, soit sous le règne de Childebert I°, Patrick Périn l’a récemment estimé aux années 451-459, proposant d’y reconnaître l’église de sainte Geneviève.
Le site a en tout cas un incontestable prestige, comme l’atteste la sépulture de la reine mérovingienne Arégonde, deuxième des quatre épouses du roi Clothaire I° dans les années 540.
Le deuxième agrandissement de l’église primitive intervint peut-être sous Dagobert I° (629-639) qui combla Saint-Denis de bienfaits et de travaux commandés à son orfèvre Eloi (ainsi, une grande châsse pour les saints). On est plutôt sûr de simples travaux d’ornementation.
L’édifice est élargi de deux galeries latérales et toujours à l’Ouest par un petit vestibule. C’est à cette époque qu’apparait le monastère, sur le flanc de l’église.
Jusqu’ici, Saint-Denis dépendait encore de l’évêque de Paris. C’est la reine Bathilde, épouse de Dagobert, qui fit soumettre les religieux à la règle monastique et dota la basilique d’un privilège d’immunité lui permettant de s’affranchir de la juridiction parisienne.
Selon une légende inventée des siècles plus tard, l’église que l’on attribuait à Dagobert aurait été consacrée par le Christ en personne.