Catafalques à baldaquins et cénotaphes au temps des rois jusqu'à nos jours

Bonjour à tous, au Québec, nous n'avons évidemment pas de souverains enterrés sur notre sol. Comme ce forum s'intéresse à l'histoire et à l'anthropologie funéraire, je vous propose un petit reportage sur comment la crème de nos citoyens étaient inhumés au XIXe et au début du XXe siècle plus spécifiquement à l'Église St-Joseph de Beauce près de Québec. Il s'agit d'une tradition funéraire aujourd'hui largement oubliée. L'intérêt sur ce forum vient aussi du fait que l'objet rappelle certaines traditions de présentation des dépouilles des souverains français au moment de leur décès. L'Église en Nouvelle-France et plus tard au Canada a emprunté cette tradition européenne pour les cérémonies funéraires des plus importants acteurs de notre histoire. Les catafalques étaient des objets réalisés pour des cérémonies temporaires et étaient de fait souvent démolis ou transformés à la fin des périodes de deuil. Ils sont essentiellement connus grâce aux gravures. À titre d'exemple, voici une gravure montrant le cénotaphe et le catafalque à baldaquin réalisé par les Slodtz en 1746 pour Philippe V d'Espagne à Notre-Dame.

http://inha.revues.org/docannexe/image/2846/img-6.png


Pour vous situer, Saint-Joseph de Beauce est une petite agglomération de la région du même nom (nommée en l'honneur de celle du même nom en France) et est situé près de la rivière Chaudière. La ville s'est développée au milieu du XVIIIe siècle avec quelques cultivateurs et producteurs de sirop d'érable et d'Autochtones. La première paroisse de la Beauce, a été fondée en 1736



L'Église actuelle (classée monument historique depuis 1985) fut construite à partir de 1865 et elle remplaca quatre précédentes réalisées sur les même lieux. Elle est souvent considérée comme l'une des plus belles parmi les églises du Québec. C'est aussi une des plus vastes en proportions (pour une église de campagne).

Mais venons en au principal sujet de notre étude. L'Élise de Saint-Joseph de Beauce est la seule au Canada à posséder non pas un mais deux catafalques à baldaquins d'une richesse incroyable. Le grand catafalque a été réalisé en 1920 par le sculpteur Omer Létourneau. Il est orné au sommet de 120 bougies et il est doré de 500 feuilles d'or. Il est composé d'un piédestal pour le cercueil. Ce dernier est abrité sous un dais supporté par quatre pilastres qui sont recouvert d'un drap funéraire brodé. Cet ensemble est abrité sous un très élégant dais à colonnes, frontons triangulaires et volutes sculptées. Tout l'ensemble est accompagné de grands chandeliers et candélabres. Cet objet à peu servi car en 1938, l'Évêque de Québec a supprimé toutes les traditions funéraires associées aux catafalques de ce genre considérées comme ostentatoires. Ce catafalque a été retrouvé brisé en mille morceaux dans la crypte de l'église et restauré par le centre de conservation du Québec. Pour vous mettre en contexte, il coutait en 1920 175 $ pour l'utiliser alors que des funérailles pour le commun coutaient 20$. L'église possède aussi un petit catafalque destiné aux cercueils d'enfants.


Je vous invite à lire cet article très intéressant consacré au sujet: http://www.ccq.gouv.qc.ca/formulaires/conservation-125.pdf

galerie d'images de Richard Roy présentant le grand catafalque et le petit destiné aux enfants:

https://picasaweb.google.com/111314556404585458619/CatafalqueDeStJosephDeBeauce#

Cher comte voici un sujet diablement interressant

J'apporte donc ici ma contribution par ce rare dessin aquarellé de Pierre-Adrien Pâris , dessinateur-ornemaniste des Menus-Plaisirs du roi et concepteur de nombreux décors pour les théâtres des châteaux de Fontainebleau , Choisy , du Petit Trianon et de l'aile vieille ( conçu par Hubert Robert ) .
Il fut aussi celui qui fabriqua les fameuses " maisons de bois " de la reine Marie-Antoinette , constructions provisoires aux intérieurs magnifiquement décorés et ornés par la technique du trompe-l'oeil .

Ce dessin est celui du catafalque de la pompe funèbre de l'impératrice Marie-Thérèse , cérémonie qui eut lieu dans la cathédrale Notre-Dame de Paris le 31 mai 1781 en l'honneur de la mère de Marie-Antoinette décédée en 1780 .

Ce dessin est concervé dans le fonds Pierre-Adrien Pâris de la bibliothèque municipale de Besançon , collection légué par lui-même .


Bibliothèque municipale de Besançon-Fonds Pierre-Adrien Pâris

A noter que le dessinateur sera aussi le concepteur du catafalque de la pompe funèbre du roi d'Espagne Charles III , service qui eut lieu en 1788 lui aussi à Notre-Dame .

J'ai oublié de vous donner le lien vers une vidéo qui présente le catafalque illuminé

http://www.radio-canada.ca/emissions/second_regard/2009-2010/Reportage.asp?idDoc=102537

Cher comte merci pour ce sujet fort intéressant car le sort réservé au catafalque après les funérailles princière et royale est incertain d’où bravos pour ce sujet qui va nous permettre d'étudier cette pratique qui n'est plus utilisée aujourd'hui .

Au plaisir

Voici une image du Catafalque réalisé au décès du Grand Dauphin en 1711 à St-Louis des Français à Rome

http://www.flickr.com/photos/nationalmuseum_stockholm/5841564831/in/photostream/


Il y a un article fort intéressant sur le sujet qui nous intéresse par Anne Péan qui retrace les prémisses en France sur ce type d'ornementation funéraire: Les décors des pompes funèbres en France 1643-1683 : naissance d’un genre. L'auteur montre comment cette tradition à l'Italienne s'est lentement implantée en France pour les funérailles des souverains et des grands du royaume. C'était un décors mobilier qui était érigé souvent une première fois à Saint-Denis, démonté, puis placé à Notre-Dame de paris. L'aricle présente le rôle joué par les menus plaisirs du roi dans la conception et l'installation de ces mausolées et catafalques. On y donne l'exemple du mausolée réalisé à St-Denis pour les funérailles d’Henriette-Marie de France reine d'Angleterre et fille d'Henri IV décédée en 1669. On donne aussi l'exemple du catafalque d'Henriette-Anne d’Angleterre réalisé à Saint-Denis pour souligner le décès en 1670 de la première épouse de Monsieur le duc d'Orléans. Finalement, il est aussi question des funérailles de la reine Marie-Thérèse à St-Denis.

à lire absolument
http://www.inha.fr/colloques/document.php?id=2467#tocto4