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Le tombeau de Philippe III le Hardi
Philippe III de France, dit Philippe le Hardi, est né le 1er mai 1245 à Poissy, mort le 5 octobre 1285 à Perpignan. Il fut roi de France de 1270 à 1285, le dixième de la dynastie dite des Capétiens directs.
Il était le fils de Louis IX (1214-1270), dit Saint Louis, roi de France, et de Marguerite de Provence (1221-1295). Il est aussi le père de Philippe IV, dit le Bel.
Sacre de Philippe III en la cathédrale de Reims, en 1270
Grandes Chroniques de France, Les tombeaux de Philippe III et de son épouse Isabelle d’Aragon étaient certes séparés, mais bien disposés l’un à côté de l’autre. Seule la dalle noire d’Isabelle d’Aragon a été conservée. Les effigies étaient alors environnées d’ornements et de statuettes qui ont complètement disparu (avant même la révolution dans le cas des statuettes !).
Au premier plan : gisant d'Isabelle d'Aragon ; il repose sur sa dalle noire, la seule rescapée de la Révolution à porter encore une inscription médiévale.
Le gisant de Philippe III est au second plan.Philippe III est mort, peu après son épouse (morte tragiquement d'une chute de cheval, en Calabre, alors enceinte de son 5e enfant), de retour de guerre contre l’Aragon, le dimanche avant la saint Michel en 1285. Il avait engagé la croisade d'Aragon et attaqué sans succès la Catalogne (siège de Gérone du 26 juin au 7 septembre 1285). Son armée touchée par une épidémie de dysenterie, il fut défait en septembre à Las Formiguas, et fit retraite. Le roi mourut à Perpignan.
Pierre d'Aragon mourant un mois plus tard, Gérone se livre à son successeur, et le nouveau roi de France, Philippe IV le Bel décide le retour en France.
Ses chairs et ses entrailles furent inhumées dans la cathédrale de Narbonne. Le reste du corps fut emporté à Saint-Denis. La possession du cœur entraina une vive polémique entre les bénédictins de Saint-Denis et les Frères Prêcheurs des Jacobins de Paris. Le tombeau avec gisant qui se trouvait en la cathédrale de Narbonne, érigé sur ordre de Philippe le Bel, fut détruit durant la Révolution.
Le tombeau du roi à Saint-Denis fut achevé en 1299.
DescriptionFort heureusement, le gisant conservé à Saint-Denis ouvre la série des portraits authentique des rois. Et l’on voit apparaître une nouvelle technique qui devait emporter au XIV°s un vif succès : le gisant taillé dans le marbre blanc est posé sur une dalle de marbre noir.
Etat du tombeau de Philippe III, avant la Révolution française
Collection Gaignières Encore empreinte de la tradition du XIII°s de par sa raideur – qui rappelle un peu celle des gisants de la commande de Saint Louis), cette œuvre exécutée par Jean d’Arras à l’extrême fin du XIII°s à la demande du roi Philippe IV le Bel, annonce déjà l’art plus réaliste du XIV°s.
Ce tombeau de marbre, par sa simplicité, marquait aussi une rupture par rapport aux somptueux tombeaux d’or et d’argent des trois prédécesseurs de Philippe III : Philippe II Auguste, Louis VIII le Lion, et Saint Louis (tombeaux hélas détruits et fondus durant la guerre de Cent ans, sans doute sous l’occupation anglaise après 1420).
La tête est d’une vérité remarquable. Le visage a sans doute été sculpté selon modèle du masque mortuaire royal. Il montre à la fois la loyauté, une certaine bonté placide et une gravité de mœurs. Le visage ne porte pas de barbe et les cheveux tombent droit sur les côtés de la face.
La couronne garnie de fleurons était incrustée de mastic et de pierres de couleurs. La main droite tient un sceptre restitué au XIX°s.
Une ceinture serre la tunique autour du corps. Le manteau s’ouvre en avant et se drape sur les genoux. Le bord supérieur de la tunique, plusieurs parties du manteau, ainsi que le coussin posé sur la tête, montrent quelques traces d’une ornementation en fleurs de lys et rinceaux peints et dorés.
Le lion soutenant les pieds semble plus grossier que le gisant ; a-t-il été réalisé par le même artiste ?
Violation et destruction du tombeauEn 1793, on démantela les tombeaux de Philippe III et d’Isabelle d’Aragon. Les tombes furent ouvertes. Elles étaient creuses et contenaient chacun un coffre de plomb, d’environ trois pieds de long sur huit pouces de haut. Ils renfermaient les restes des deux époux. En effet, comme ils étaient morts loin de Saint-Denis, en Calabre et en Roussillon, on avait comme pour Louis IX fait bouillir leurs corps dans de l’eau et du vin ; on plaçait ensuite les restes dans un petit peu d’eau salée.
Sur les coffres étaient des lames de plomb portant les noms des défunts.
Les ossement furent jetés à la fosse commune ; les inscriptions en plomb et les coffres furent apportés à l’Hôtel de ville de Saint-Denis, puis à la fonte.
Seuls les gisants et la dalle noire d’Isabelle d’Aragon furent sauvés.
Résurgence d’une épave du tombeau de Philippe III en 2007Le dais du roi Philippe III le Hardi est entré dans les collections du Metropolitan Museum of Art de New York en 2007.
Il ne s’agit apparemment pas d’un achat mais du don d’un mécène. On comprend donc que le département des sculptures du Louvre ne s’en soit même pas aperçu. C’est un grand dommage car une restitution partielle du tombeau aurait pu être tentée. Seul le gisant d’Isabelle d’Aragon possède son dais, ce qui rend le couple royal en ses tombeaux … un peu boiteux ! Une belle occasion a hélas échappé à la basilique …
Aujourd'hui, le gisant de Philippe III est à côté de celui de son fils Philippe le Bel,
décalé vers l'avant par rapport à celui d'Isabelle d'Aragon.
Sur le très beau gisant d'Isabelle d'Aragon :
https://saintdenis-tombeaux.1fr1.net/t62-le-tombeau-de-la-reine-isabelle-daragon-1271-epouse-de-philippe-iii#89.