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D'or et d'argent, le tombeau de saint LouisCe tombeau, détruit durant la Guerre de Cent ans, était, de tous les tombeaux de Saint-Denis, le plus riche...
... et assurément le plus impressionnant.
Il est impossible de savoir à quoi ressemblait exactement le somptueux tombeau de saint Louis
Ici, reliquaire de la machoire du saint roi dans le trésor de Notre Dame de Paris Louis IX mourut en croisade à Tunis en août 1270. Le royaume de France pouvait se glorifier de posséder un roi dont les souffrances avaient fait un martyr par choix et qui sera canonisé en 1297 comme confesseur.
Le moindre de ses restes était donc considéré come un précieux trésor.
Le cadavre fut éviscéré, ses chairs bouillies pour les séparer des os. Lorsque les troupes quittèrent l’Afrique, son cœur et ses entrailles furent confiés à son frère Charles d’Anjou, roi de Sicile, qui les fit inhumer à Monreale.
La châsse contenant les ossement du pieux monarque fut ramenée en France ; elle parvint à Saint-Denis le 22 mai, le vendredi avant la Pentecôte, pour y recevoir une honorable sépulture, protégée par des grilles de fer tant la pression des pèlerins, malades ou désespérés était grande. Une structure en bois, provisoire, était également disposée au dessus du tombeau, drapée de riches étoffes. Cette structure ne barrait pas l’accès à la tombe puisque les malades pouvaient ramper dessous pour tendre la main et toucher la pierre tombale.
Louis IX avait exigé une tombe très simple. Son vœu ne sera pas exhaussé.
Le dernier témoignage faisant mention d’un suppliant étendu sur la tombe de Louis IX date de 1273. Un miracle de l’automne 1274 montre qu’un cierge brûlait sur la tombe. Au printemps 1275, une jeune fille, appuyée contre le tombeau saisit un anneau qui y était fixé.
Il apparaît donc qu’aux alentours de 1274, la sépulture était devenue plus élaborée que la dalle avec structure de bois, mais que le somptueux tombeau d’or et d’argent n’était pas encore en place.
Qu’il fut ou non décoré, le lieu de sépulture de Louis IX devait se distinguer des autres tombes royales par des candélabres disposés tout autour et sur lesquels brûlaient les cierges offerts par les suppliants. En juin 1275, un frère Jehan de Leigni voit en songe une « grant clarté entor le tombel du dit benoiet saint Loys » avant que le saint lui-même n’apparaisse en vision à Jean.
En 1282, le tombeau intermédiaire disparut et laissa la place à un riche tombeau d’or et d’argent qui devait ressembler, par sa taille et ses matériaux, à ceux de Philippe Auguste et de Louis VIII.
Cette magnifique réalisation devint célèbre dans toute la chrétienté et même au-delà.
L’historien dionysien Primat en donne la description suivante :
« une merveilleuse tombe, de laquelle l’entailleure estoit d’œuvre d’or et d’argent et l’enoblirent de riche matiere faite et ordonee des meilleures œuvres excellentement que les meilleurs ouvriers du monde firent, si comme l’en cuide, et si comme il appert par-dessus a touz. »
En mai 1282, des émissaires sarrasins qui se rendent à la cour de Philippe III sont tellement impressionnés par le tombeau, et par le roi qui mérite de tels honneurs, qu’ils vénèrent le monument et baisent les pieds de l’effigie.
Or, c’est entre mai 1282 et mars 1283 qu’une enquête publique sur les miracles de Louis IX est menée à Saint-Denis. La création de ce tombeau pourrait donc être liée au procès de canonisation du Roi.
Les reliques du souverain furent peu à peu retirées du monument pour être dispersées dans tout le royaume puis dans le monde chrétien. Le crâne du saint roi restait cependant dans un somptueux reliquaire à la Sainte Chapelle, conservé dans le trésor jusqu’à la Révolution (1793). Seule la mâchoire du Roi resta à Saint-Denis
Le tombeau, lui, continua de s’offrir à la vénération des fidèles et à l’admiration des visiteurs de marque jusqu’à la Guerre de Cent ans.
On est hélas peu renseigné sur l’aspect de ce qui fut le plus somptueux de tous les sépulcres réalisés à Saint-Denis.
Le tombeau d’or et d’argent de saint Louis disparut vers 1420, sans doute détruit puis fondu par les armées anglaises d’Henri V ou du duc de Bedford. Dans ce contexte de guerre étrangère mêlée d’une guerre civile, les Bourguignons ont aussi essayé de désigner les Armagnacs comme coupables… ces derniers retournant l’accusation.