.
Tombeau de Renée d’orléans-Longueville (1508-1515),
fille de François II de Longueville,
aux Célestins de Paris - remonté à Saint Denis de 1816 à 1958.
Pour accompagner le sujet de notre cher Linceul royal sur Marie de Bourbon, en voici un autre sur un tombeau qui a quitté Saint-Denis pour le Louvre au même moment (fin des années 1950).
Adossé dans l’un des enfeux du transept Sud, près du portail Sud, se trouvait jusqu’en 1958 le monument de Renée d’Orléans Longueville.
Née en 1508, fille de François II de Longueville et de Françoise d’Alençon, Renée mourut à 7 ans en 1515. Le tombeau d’inspiration italienne comprenait des niches en coquilles abritant des saintes, vierges et martyres.
Transporté au Louvre, on peut y voir ce petit gisant, richement paré, posant ses pieds sur une licorne, symbole de pureté, seul exemple de représentation de cet animal fabuleux qui se trouvait à la basilique. Comme pour le priant de Marie de Bourbon, on est en droit de regretter ce départ pour le Louvre.
René d’Orléans-Longueville était la fille de François II d'Orléans, 1470-1512, comte de Longueville, de Dunois, de Tancarville et de Montgommery, prince de Châtelaillon, vicomte de Melun, seigneur de Parthenay, grand chambellan de France, connétable héréditaire de Normandie. Louis XII l'éleva en 1505 au rang de duc de Longueville.
Elle était l’arrière petite-fille du grand Dunois, compagnon d’armes de Jeanne d’Arc et petit-fils du roi Charles V.
La petite Renée était donc de sang royal.
A sa mort, son père la fit inhumer en l’église des Célestins à Paris, sous ce joli petit tombeau en albâtre.
L’état ancien nous connu par un dessin des Albums de Roger de Gaignières, une gravure des Antiquités Nationales de Millin et un dessin de l'album Lenoir (département des Arts graphiques).
Le monument était érigé dans la chapelle d'Orléans du couvent des Célestins.
Il fut démantelé durant la révolution, dès 1791-92 lorsque les Célestins devinrent une caserne. Sauvé par Alexandre Lenoir, il fut transporté au Musée des Monuments français et y resta de 1795 à 1816.
Demotte en entreprit alors la restauration, mais certains éléments, notamment dans la partie supérieure, furent irrémédiablement perdus.
Le tombeau est finalement attribué à la Basilique Saint-Denis, par ordonnance royale du 24 avril 1816 et y fut transporté le 25 mai 1818. Remonté de façon fantaisiste par l'architecte Debret, il reçut une longue restitution dirigée par Violet-Le-Duc entre 1848 et 1867. Celui-ci n'utilise alors pas l'écusson et fait sculpter, en marbre blanc, une niche du soubassement ornée d'une Sainte, les bases des grands pilastres, un petit pilastre de l'enfeu et toute la partie haute de l'enfeu. Les dés et les allèges en pierre qui soutiennent les pilastres sont également modernes. La partie haute de la restauration de Viollet-Le-Duc, niche à coquille, personnages et écusson, évoquait très bien l’état indiqué par les représentations antérieures à la Révolution, même si la forme du coquillage s'éloignait de celle de l'original.
Le tombeau était placé à droite du portail Sud, aux pieds du tombeau de François I°, pour créer une harmonie Renaissance.
Toutes les autres parties (gisant compris) sont bien sûr authentiques. On remarque notamment de magnifiques morceaux : au soubassement figurent les statuettes de sainte Apolline (disparue), sainte Marthe, sainte martyre tenant une palme et un livre, sainte Agathe. Dans l’enfeu : la Vierge et l’enfant, sainte Catherine, sainte Barbe, sainte Geneviève, sainte Agnès et sainte Marguerite.
Au dessus de l’enfeu, deux angelots soutiennent les armoiries de Claude de France.
Des licornes, supports héraldiques au pied de la gisante, symbolisent la virginité.
En 1957, le Louvre obtient le dépôt du priant de Marie de Bourbon et de la totalité du tombeau de Renée d’Orléans-Longueville. Ce qui amputa la collection des monuments funéraires parisiens ramenés jadis à Saint-Denis par décision de Louis XVIII. C’était aussi remettre en cause les travaux et le dessein de Violet-Le-Duc.
Au moins ont été rétablies dans cette sorte d’enfeu les plaques funéraires constituant la sépulture de l’Abbé Adam, ce qui fut un choix judicieux, rétablissant un état antérieur à 1793.
Tombeau de l'abbé Adam, réalisé en 1259 - dessin de 1700 pour Roger de Gaignières - BNF Mais la basilique serait assez vaste pour accueillir de nouveau le tombeau de Renée d’Orléans-Longueville, à proximité d’un des grands tombeaux Renaissance. Son retour, ainsi que celui de l’orant de Marie de Bourbon, reste souhaitable.
D’autant que les éléments reconstitués au 19e siècle par Violet-Le-Du sont restés dans le dépôt lapidaire de Saint-Denis ! Il s’agit de deux bases de pilastres et d’un petit pilastre de l'enfeu, d’un pilier et une sainte tenant une torche. Il y a aussi toute la partie haute de l’enfeu, en coquille. Ce démembrement, peu respectueux de l'effort de restitution (en l’occurrence utile) du XIX°s. est assez regrettable, car ces ajoûts, après 150, avaient fini par faire partie de la nouvelle vie de ce monument. Mais c'est là tout le débat sur les "dérestaurations" des années 1950 et 1960, souvent brutales...
état actuel, au Louvre ... .