Les gisants d'Henri II et de Catherine de Médicis (hors tombeau)
Outre le grand tombeau avec transis / priants de la rotonde, la reine Catherine de Médicis commanda à Germain Pilon en 1583 un autre couple de gisants en marbre blanc pour la chapelle des Valois. Ils devaient être disposés sur une base de bonze devant une statue du Christ ressuscité commandée aussi pour la chapelle.
Etrangement, et à la différence de ceux du grand tombeau, ces deux gisants s'éloignent de la Renaissance et présentent une forme quasi médiévale, évoquant les gisants des XIII°, XIV et XV°s qui étaient représentés avec la couronne, le sceptre, puis la main de justice.
Comme les gisants médiévaux, ils ont les yeux ouverts; ils portent des couronnes et des habits royaux élaborés, ornés de fleurs de lys. La robe de la reine est constellée de H et de C entrecroisés, emblème d'Henri II, que l'on retrouve sur le deuxième des deux coussins sur lequel repose la tête du Roi. Le coussin de Catherine, lui, est à fleurs de lys, comme les robes. Le Roi porte le collier de Saint-Michel.
Pourtant, à la différence des gisants médiévaux des rois qui portaient sceptre et main de justice pour les plus récents, ceux-ci sont mains jointes en prière. Certes, le gisant de Dagobert du XIII°s était lui-aussi représenté mains jointes, mais son sceptre est posé à côté de lui, symbolisant son droit de gouverner.
De toute évidence, ces représentations d'Henri II et de Catherine de Médicis n'ont pas les attributs de la majesté institutionnalisée symbolisant la fonction sacrée dont ils avaient hérité. L'absence du sceptre et de la main de justice les présente sous un jour plus recueilli, plus personnel, moins officiel.
Mais ils complétaient bien le grand tombeau de la rotonde.
- Car les transis de celui-ci figuraient le corps mortel des souverains qui est de nature périssable.
- Les priants sur la plate-forme supérieure représentent les souverains cherchant le salut de leur vivant par la vertu, la contemplation, la dévotion.
- Les gisants couronnés exaltent les réalisations personnelles du roi et de la reine, le geste des mains représentant la dévotion envers Dieu qui leur inspira leurs actes temporels : cet exercice de l'autorité royale vient compléter les images pieuses du grand tombeau. Car la foi royal s'exprime dans les actes qu'il accomplit sur Terre.
A la Révolution, la base en bronze fut fondue. Au XIX°s, elle fut reconstituée par Violet-le-Duc et Guilhermy. Les gisants nous sont parvenus intacts.