Sculptures provenant de la rotonde des Valois
Outre le tombeau d’Henri II et de Catherine de Médicis aujourd’hui dans la basilique, quelques rares éléments décoratifs subsistent de la rotonde.
Sous la direction du Primatice, nommé directeur des sépultures royales par la reine, Germain Pilon fut chargé de réaliser le tombeau du roi, ainsi que plusieurs ouvrages de sculpture, parmi lesquels La Résurrection. Le groupe devait surplomber les deux gisants royaux d'Henri II et de Catherine de Médicis en costume de sacre.
La composition présente deux soldats romains terrassés par l'apparition du Ressuscité.
© Musée du Louvre/P. Philibert Dès les années 1580, Pilon commence donc à travailler sur les statues des chapelles devant encercler le tombeau. Parmi elles, la Résurrection (Musée du Louvre) était destinée à faire face au tombeau à partir d'une chapelle secondaire. L’inspiration vient de Michel-Ange qui avait dessiné les tombeaux et statues funéraires du père de Catherine dans une des chapelles des Médicis à la Basilique San Lorenzo à Florence.
Germain Pilon semble dans cette tâche avoir été moins influencé par le style classique et linéaire d'un Jean Goujon que par les décorations expressives du Primatice à Fontainebleau. A travers ses sculptures, Pilon décrit ouvertement des émotions extrêmes. Son style a été interprété comme le reflet d'une société tiraillée par les conflits religieux de l'époque.
La conception du groupe, pétrie de références italiennes, semble due au Primatice. Mais si Germain Pilon n'est pas le concepteur du groupe, son exécution donne à l'oeuvre sa beauté émouvante.
Le Christ, dénudé et athlétique, au torse puissant, s'inspire à l'évidence du Christ de Michel-Ange à Rome (église Santa Maria sopra Minerva), dont François Ier avait cherché à obtenir un moulage en 1546. Il en diffère par le maniérisme de l'anatomie et de la pose : silhouette élancée, longues jambes fuselées nerveuses et souples, qui semblent trop frêles pour supporter le torse vigoureux, et qui touchent à peine le sol. Elles donnent à la figure un élan aérien, comme si le corps ne pesait rien, ce qui se justifie puisque c'est le corps glorieux du Christ qui monte au Ciel. Les pieds sont minces et fins. Par une torsion du corps, la tête légèrement inclinée et le regard baissé, ce beau Christ athlétique aux jambes nerveuses semble s'élever dans le ciel et en même temps paraît se pencher pour bénir les hommes demeurés sur terre. Le geste de bénédiction est amplifié par la disproportion de la main.
© Musée du Louvre/P. Philibert Le visage du Christ, inspiré par celui du roi Henri II en personne, concilie l'idéalisation des traits et une expression très humaine, un regard très doux. La mèche de cheveu tombant sur l'épaule lui donne une grâce presque féminine.
© Musée du Louvre/P. Philibert La Vierge de Douleur correspond à la mystique de la Vierge Marie souffrant une passion parallèle à celle de son fils. Très novateur dans sa composition, la Vierge est seule sur le rocher du Calvaire, contrairement aux époques antérieures où elle était représentée avec son fils mort sur les genoux (Pietà). Cependant les plis du drapé donne bel et bien l'impression que le corps est là. De même, le regard de la Vierge semble dirigé vers le corps absent. On notera les doigts particulièrement longs et effilés, révélant l'influence du maniérisme italien et du Pramatice.
Le musée du Louvre conserve la modèle en terre cuite de cette oeuvre considérée comme la réalisation maîtresse de l'artiste. Ce modello en platre (Louvre) par Pilon a été jusqu'à la Révolution conservé à la Ste Chapelle avant d'être envoyé à St Cyr puis au Louvre au cours du XIXème siècle.
© Musée du Louvre/P. Philibert C’est la sculpture en marbre qui aurait été envoyée à la rotonde puis a figuré à la chapelle du Louvre jusqu'à la Révolution. Aujourd'hui elle est à l'église Saint-Paul Saint-Louis à Paris.
En revanche, le St François en marbre souvent cité et conservé à l'église Saint-François Saint-Jean l'Arménien de Paris n'est pas issu semble-t-il de la rotonde.
Quant à l’idée que la colonnade corinthienne de la Naumachie du parc Monceau puisse provenir de la rotonde, c’est une supposition totalement fantaisiste .